La News RSE N°40 – Le climat et la COP28 font consensus… ou pas
La News RSE
NOVEMBRE 2023 / NUMÉRO 40
EDITO
NORA BARSALI
FONDATRICE PRESIDENTE DE NEWS RSE ET FONDATRICE DE IMPACT4THEPLANET
La COP28 ne fait pas consensus
Alors qu’il existe un consensus dans le monde pour admettre le réchauffement climatique et la dégradation des écosystèmes, le curseur de l’urgence et de l’action n’est pas le même pour tous et les divisions sur la question sont de plus en plus audibles.
À deux semaines de l’ouverture de la COP28 à Dubaï et alors que notre maison brûle, les injustices climatiques persistent, les émissions mondiales et donc le réchauffement augmentent et une majorité d’entreprises européennes n’a pas de plan de décarbonation structuré. Les entreprises françaises, quant à elles, sont divisées sur leur présence au prochain sommet des Nations unies pour le climat et sur les moyens d’agir.
Une COP qui divise
À l’heure où s’ouvre la COP28, présidée par le représentant d’une compagnie pétrolière, dans un pays qui tire sa richesse de l’extraction des hydrocarbures, on peut dire que cette année la COP ne fait pas consensus.
Depuis la France, pas moins de 250 chefs d’entreprises et responsables d’associations appellent au boycott de la COP28 par souci de crédibilité d’une part, et compte tenu du contexte dans lequel s’organise cette COP. Ces dirigeants fustigent un sommet qui pour la énième fois risque de perpétuer un éternel renoncement à agir.
Par ailleurs, comme le révèle une coalition d’ONG, plus de 7000 accréditations ont été accordées par les Nations unies depuis 2003 à des lobbyistes et représentants du secteur des énergies fossiles, leur permettant ainsi d’approcher les négociateurs du changement climatique. Chaque année ce chiffre est en hausse puisque 500 lobbyistes étaient présents aux négociations de la COP26 à Glasgow en 2021, tandis qu’on comptait 600 lobbyistes l’année dernière à la COP27 à Charm el-Cheikh.
L’empreinte carbone des ultra-riches pollue la planète creusant les inégalités climatiques
Cette COP se déroule dans un contexte qui ne va pas en s’améliorant. En amont de la COP28, Oxfam publie ce 20 novembre un nouveau rapport qui souligne « l’écart frappant entre l’empreinte carbone des ultra-riches — entre modes de vie gourmands en CO2 et investissements dans des industries polluantes — et celle de la majorité des habitants de la planète« . Les 1 % des plus riches de la planète émettent plus de CO2 que les 66 % les plus pauvres alors même qu’ils ont un pouvoir d’action.
Les chiffres d’Oxfam pour la France
Selon Oxfam, en France, les 1 % les plus riches émettent en moyenne dix fois plus de CO2 par an que la moitié la plus pauvre des Français. Alors que la moyenne des Français oscille entre 10 à 11 tonnes par an, par leur consommation les ultra-riches émettent 40,2 tonnes contre 3,8 tonnes pour les plus pauvres. Les 10 % les plus riches sont responsables d’un quart des émissions de la France. Pour atteindre les objectifs climatiques d’ici à 2030, les 1 % des Français les plus riches doivent diviser par dix leurs émissions, lorsque les 50 % les plus pauvres doivent les réduire d’un quart pour arriver à 2,8 tonnes de CO2.
Des entreprises plus ou moins mobilisées
Le premier baromètre, publié en septembre 2023 par BCG et le fonds d’Argos Wityu sur la décarbonation des PME et des ETI en Europe, révèle qu’à peine plus de 10% des PME européennes ont adopté un plan de décarbonation structuré. Alors que les dirigeants de PME et d’ETI européennes considèrent, à plus de 84 %, la réduction des émissions de gaz à effet de serre comme importante, une infime partie (à peine 10 %) est passée à l’action pour mettre en place un plan de décarbonation.
Les réticences de plus en plus audibles d’entrepreneurs français sur leur participation à la COP28, leurs critiques quant à l’utilité de cette édition aux Émirats arabes unis, l’un des pays les plus gros émetteurs de CO2 de la planète démontrent que la question climatique occupe les esprits.
C’est le signe que le secteur privé a pris conscience que la décarbonation, au-delà des obligations règlementaires, est au cœur des préoccupations d’une partie des acteurs économiques qui doivent prendre leur part de responsabilité. Ici ou ailleurs, à la COP28 ou en inventant une autre forme de rencontre pour agir sincèrement et efficacement.
L'INTERVIEW DU MOIS
Pascal Demurger
Directeur général du groupe MAIF
Co-président du Mouvement Impact France
"Face au mur écologique et social, toutes les forces doivent être mises dans la bataille"
♦ Co-président du Mouvement Impact France, quelles sont vos propositions que vous partagez actuellement avec l’exécutif, et à qui sont-elles destinées ?
Le mouvement Impact France a tenu ses Universités d’été de l’économie de demain le 30 août dernier. C’est toujours un moment fort de l’année : tous nos adhérents et notre écosystème sont présents pour échanger, débattre avec des ministres et acteurs économiques d’autres horizons. Chaque participant avait l’opportunité de voter pour les propositions les plus à même de nous mener « vers une économie de la paix », thème de nos universités.
Le résultat rejoint ce que porte Impact France : conditionnalité des aides publiques aux entreprises, incitation des entreprises à la transparence et à s’inscrire dans une trajectoire responsable en matière environnementale, soutien à des filières vertueuses comme le réemploi, évolution de la gouvernance des entreprises vers une plus grande intégration des salariés.
Ce discours de dirigeants engagés nous le portons dans la sphère publique que ce soit auprès de l’opinion ou des acteurs institutionnels. Il se traduit par des propositions législatives concrètes par exemple dans le cadre du projet de loi de finances pour 2024 en cours de discussion au Parlement. Nous plaidons pour que la baisse de la CVAE soit conditionnée au respect, par les entreprises de plus de 500 salariés, de l’obligation de publication d’un bilan d’émissions de gaz à effet de serre et d’une trajectoire de réduction. De la même manière, nous souhaitons que la fiscalité soit davantage mobilisée comme un levier d’incitation. À ce titre, le mouvement propose que l’impôt sur les sociétés soit modulé en fonction de l’affectation des bénéfices, selon qu’ils sont distribués aux actionnaires ou réinvestis dans l’entreprise.
♦ La transition écologique et sociale passera par une mobilisation des entreprises. Comment embarquer le tissu économique français constitué en majorité de TPE-PME, confrontées par ailleurs à d’autres priorités ?
Je crois qu’il faut appliquer une logique de proportionnalité. Les grandes entreprises doivent être motrices dans le cadre de la transition, parce qu’elles en ont les moyens, autant humains que financiers, et parce que ce sont elles qui ont la possibilité d’embarquer leurs sous-traitants, leurs salariés, leurs clients.
Mais, face au mur écologique et social, toutes les forces doivent être mises dans la bataille. À ce titre, je crois beaucoup au levier de l’incitation à la transformation, y compris pour les plus petites. Par exemple, dans le cadre du projet de loi Industrie verte, les entreprises de moins de 50 salariés souhaitant bénéficier des aides de Bpifrance pour se décarboner devront réaliser un bilan simplifié de leurs émissions de gaz à effet de serre. De la même manière, le projet de loi sur le partage de la valeur doit permettre que davantage de petites entreprises se saisissent des mécanismes d’intéressement et de participation. Il y a bien entendu une question d’acceptabilité de ces mesures. En l’occurrence, pour établir leur bilan simplifié, les TPE-PME sont accompagnées par Bpifrance y compris financièrement.
En réalité, ce type d’outils est tout aussi bien crucial à l’échelle collective que nécessaire pour une entreprise. Ils permettent de l’inscrire dans une trajectoire cohérente avec les attentes de ses clients, l’évolution de son marché et d’anticiper les évolutions réglementaires.
♦ La planification écologique a été présentée fin septembre, qu’en retenez-vous en tant que dirigeant et citoyen ?
Avant tout, la planification écologique est une bascule culturelle nécessaire. Elle traduit une prise de conscience : nous sommes entrés dans une économie de la rareté et un monde de pénuries. Elle donne une feuille de route claire, par secteur, pour atteindre nos cibles collectives de réduction des émissions, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Elle implique que le gouvernement mette des moyens pour la réaliser. C’est le sens de l’annonce des 10 milliards d’euros d’investissements supplémentaires pour 2024, qu’il faut saluer.
En revanche, alors que la moitié de l’effort doit être fait par les entreprises, la planification ne prévoit pas de levier permettant de toutes les embarquer. L’heure est à une mobilisation plus transversale via la mise en œuvre de mécanismes incitant les entreprises à intégrer les objectifs du plan dans leur modèle. Il revient à l’État de construire un nouveau contrat avec elles. La conditionnalité des aides publiques et la modulation de la fiscalité en fonction de leur comportement relèvent de cette logique.
♦ Vous êtes à la tête de MAIF, acteur mutualiste engagé en matière de RSE : comment parvenez-vous à communiquer et agir sur vos priorités RSE vis-à-vis de vos équipes et de vos clients ?
La MAIF a historiquement une vision élargie de sa responsabilité d’entreprise. Nos sociétaires nous connaissent pour cela et nos équipes sont alignées avec cette ambition. Cet engagement est directement traduit dans notre modèle d’affaire puisque parmi les quatre objectifs qui guident nos décisions figure la contribution au bien commun. Par ailleurs, en devenant entreprise à mission en 2020, nous avons intégré dans nos statuts cinq objectifs précisément dédiés à notre impact. Ils sont déclinés dans les feuilles de route des différentes directions.
Ces évolutions n’auraient pas de sens si elles ne se traduisaient pas dans nos offres. C’est par exemple le cas lorsque nous proposons de réparer les voitures qui nous sont confiées avec des pièces recyclées plutôt qu’avec des pièces neuves ou quand nous construisons un modèle de tarification qui favorise les véhicules moins émetteurs. De la même manière, nos produits d’investissement excluent par exemple tout investissement dans le pétrole et au contraire incluent systématiquement des investissements qui tiennent compte des critères ESG et contribuent aux objectifs d’investissement socialement responsable.
Notre enjeu est aussi de pouvoir intégrer notre communauté à ces engagements. Assez naturellement, nos équipes sont régulièrement forces de proposition : pour passer notre siège niortais à la géothermie ou renforcer l’exigence de nos politiques d’investissement. Pour ce qui est de nos sociétaires, nous avons voulu les impliquer plus particulièrement dans le choix des projets qui seront financés par le dividende écologique que nous avons lancé cette année. Il vise à financer des actions de régénération de la biodiversité et des travaux de prévention pour nos sociétaires les plus vulnérables notamment au plan climatique. Sur le premier pan, nous venons de lancer un appel à projet pour 2024. Notre communauté sera directement impliquée dans le choix des lauréats.
FOCUS ACTU
Lu, Vu, pour Vous
♦ Pour une écologie « accessible et juste » : la planification écologique du Gouvernement dévoilée le 26 septembre.
Mobilité • Encourager l’utilisation de transports plus vertueux. Lancement de 13 chantiers de RER métropolitains et 700 millions d’euros pour les infrastructures ferroviaires. Ouverture d’un guichet de leasing social pour l’achat d’une voiture électrique.
Logement • Privilégier des solutions moins énergivores. Un million de pompes à chaleur devraient être produites en France d’ici à 2027. Le budget consacré à MaPrimeRénov’ augmente de 1,6 milliard d’euros pour des rénovations performantes.
Énergie • Décarboner le cycle de production. Sortir du charbon d’ici à 2027 en convertissant les 2 dernières centrales à charbon en centrales biomasses. Sécuriser l’accès aux matières premières critiques par un « grand inventaire des ressources minières ».
Écosystèmes • Préserver et valoriser, protéger et restaurer la nature. Ralentir l’artificialisation des sols d’ici à 2030. Protéger la richesse des sols ; opérer une gestion plus résiliente et concertée de l’eau.
Consommation • Transformation agroécologique et changements d’habitudes alimentaires. Consommer plus sobre et plus responsable.
Industries • Encourager les entreprises à investir dans « l’innovation verte » notamment grâce au plan France 2030. Afin de soutenir des véhicules plus vertueux, nouveau conditionnement du bonus écologique à un score environnemental du véhicule – au regard de l’impact environnemental de chaque étape précédant son utilisation sur la route.
♦ L’année 2023 s’apprête à être l’année la plus chaude jamais enregistrée, alerte l’observatoire européen sur le changement climatique Copernicus. Mois après mois, les températures moyennes sur Terre atteignent des records : depuis janvier, la température moyenne sur Terre est 1,43°C supérieure aux moyennes préindustrielles (1850-1900). La température moyenne de la surface de la mer est également inédite pour la saison, et les conséquences ne se sont pas fait attendre avec par exemple des tempêtes plus intenses.
♦ 9,3 Md$, c’est la somme engagée par 25 pays contributeurs pour le Fonds vert pour le climat, sur la période 2024-2027. Malheureusement, une somme nettement inférieure à celle de 2019, et de moins en moins de pays développés contribuant à ce fonds. Pour rappel, cet outil indispensable mit en place par l’ONU vise à financer des mesures d’atténuation ou d’adaptation aux effets des changements climatiques à destination des pays les plus vulnérables.
♦ Le prix Nobel d’économie a été remis à l’Américaine Claudia Goldin, récompensée pour ses travaux majeurs sur l’évolution de la place des femmes sur le marché du travail aux États-Unis, et la compréhension des inégalités de genre. Elle est la 3e femme à recevoir le prix Nobel d’économie.
♦ Fonds MAIF pour le vivant : appel à projet pour soutenir des initiatives en lien avec la biodiversité. Créé dans le cadre du dividende écologique (qui représente 10% du résultat annuel de MAIF), le Fonds MAIF pour le vivant a pour objet de financer des actions et/ou projets d’intérêt général, au bénéfice de la protection de l’environnement et de la restauration de la biodiversité. Ce lancement s’appuie sur le savoir-faire et l’expertise du Fonds Nature 2050 porté par CDC Biodiversité, qui finance et pilote des actions de renaturation et d’adaptation des territoires au changement climatique.
♦ La Maison Poincaré, le musée qui veut faire aimer les mathématiques, a été inauguré le 27 septembre 2023. Imaginé par le mathématicien et ancien député Cédric Villani, le Musée Poincaré invite à comprendre la démarche des scientifiques, à découvrir leurs parcours, et à appréhender l’influence des mathématiques sur notre quotidien à travers des dispositifs ludiques et originaux. Il propose aux visiteurs et visiteuses un accompagnement par des médiateurs et des médiatrices scientifiques pour favoriser une réappropriation et susciter leur curiosité.
♦ Intelligence artificielle et enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernances : l’IA et l’ESG au cœur des stratégies des grandes entreprises françaises, selon une étude publiée par KPMG. L’enjeu politique et géopolitique est le défi majeur, et les dirigeants français voient en l’ESG un moyen de créer de la valeur et d’attirer de nouveaux talents.
♦ L’ADEME lance une campagne contre la surconsommation qui fait polémique chez les commerçants, critiquée par la CPME. Réparer plutôt que jeter, louer plutôt qu’acheter : l’enjeu d’économie circulaire prôné par les organisations écologistes fait l’objet de la nouvelle campagne de l’ADEME. Alors qu’elle incite au changement de modèle et d’habitudes, les commerçants à travers la voix de la CPME s’en offusquent et en demandent le retrait, accusant l’ADEME de prôner la décroissance à quelques semaines des fêtes de fin d’année. Cependant l’ADEME persiste et signe en assumant qu’ « une démarche de sobriété est un véritable levier de résilience et d’adaptation » face à une forte augmentation de la consommation. « Les émissions de carbone associées à la fabrication des matériaux et des biens de consommation représentent 45% de nos émissions de carbone. Avec la campagne lancée par l’ADEME, nous assumons ce combat pour un récit différent. » renchérit Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
FOCUS EXPERT
Alain Jounot
Responsable du pôle RSE du Groupe AFNOR
Impact, vous avez dit Impact ?
Attention au risque de greenwashing !
Lorsque les paroles occupent plus de terrain que les actes, alors pas de doute, le greenwashing n’est pas loin. On pourrait citer de nombreux exemples mais certains méritent de s’y attarder, et tout particulièrement la question de la communication sur la notion d’impact, d’une part, et plus encore d’impact positif ! Certains pensent détenir le monopole de cette notion alors qu’il faut revenir à l’histoire de ce terme.
Publié en 1987, le rapport Brundtland* est le document fondateur du développement durable qui a souligné la nécessité de lier les destins des générations, en adressant les conséquences des actions d’une génération sur l’autre. C’est ainsi que Gro Harlem Brundtland faisait naître la notion d’impact.
L’impact est alors un résultat négatif et il devient primordial de le diminuer : émissions de CO2, consommation de matières premières et des ressources en eau. Suite à la conférence de Rio, l’histoire de l’impact a été marquée par la publication de l’ISO 26000 en 2010, standard fondateur de la responsabilité sociétale des organisations. Cette norme mondialement reconnue demande à toute entreprise qu’elle considère qu’un objectif majeur en matière de RSE est de contribuer au développement durable, à la santé et au bien-être de la société. On comprend ainsi plus aisément que si chaque entreprise a sa propre réponse aux enjeux du développement durable en fonction du contexte géographique et de son secteur d’activité, elle doit toutefois donner du sens en apportant une réponse pertinente aux regards de ses impacts négatifs et positifs sur la société. Le terme impact a ainsi été défini dans la norme comme un changement positif ou négatif subi par la société, l’économie ou l’environnement, résultant entièrement ou en partie des décisions et activités passées et présentes d’une organisation.
La norme ISO 26000 réalise une synthèse des différentes visions qui étaient représentées dans la négociation internationale et c’est l’Europe, guidée par la France, qui a imposé sa vision du lien avec les objectifs de développement durable, et du principe de matérialité des impacts fondé sur les attentes des parties prenantes y compris les générations futures.
La COP de Paris 2015 et l’adoption de l’agenda 2030 et de ses 17 ODD viendront conforter cette approche de l’impact en demandant aux entreprises non seulement de réduire mais aussi de tirer de ces réductions une nouvelle valeur ajoutée et un nouveau business modèle. Le plus grand drame pour ce mot serait donc d’ignorer cet héritage bibliographique. Se reporter ainsi à son histoire et à celle de la RSE nous rappelle que l’impact est bien mesurable et doit s’appuyer sur une réflexion stratégique engageant la gouvernance de l’entreprise et les parties prenantes. Ce n’est pas parce qu’une entreprise fait des profits qu’elle peut ignorer les constats et alertes des scientifiques… La responsabilité morale est d’accepter de remettre en cause son modèle d’affaire pour concilier rentabilité économique et durabilité.
Évitons les raccourcis qui considèrent qu’une entreprise qui répond à une demande sociale ou environnementale est une entreprise à impact positif. Un impact positif ne compense pas un impact négatif. Les labels RSE comme le label Engagé RSE d’Afnor, mais également ceux reconnus par Responsibility Europe, porte une vision européenne de la durabilité des entreprises. Mettons en synergie toutes les initiatives afin de créer une dynamique collective visant à aider les entreprises à se transformer durablement pour avoir réellement de l’impact !
Alain Jounot est l’auteur de l’ouvrage RSE et développement durable, 100 questions pour comprendre et agir, (Afnor Éditions, juin 2023)
BONNES PRATIQUES
Cérémonie des Trophées Défis RSE 2023
La Cérémonie des Trophées Défis RSE récompense cette année 13 lauréats, et pour la première fois prévoit une remise du Trophée Défi Carbone® initié par News RSE et l’ADEME.
Rdv le 6 décembre au Ministère de la Transition écologie et de la Cohésion des territoires pour connaître les lauréats et le palmarès 2023.
Une fois n’est pas coutume, cet événement s’ouvrira par une table ronde axée sur le capital humain et les valeurs d’Égalité, mixité, diversités, comme accélérateurs des transitions sociales et écologiques. Elle sera animée par Valérie LION, rédactrice en chef de ViveS du groupe Bayard Presse, autour d’intervenants engagés, experts de l’égalité et de femmes entrepreneures ou dirigeantes.
Ce thème est en lien avec le Guide 2024 publié par News RSE, Égalité, Mixité, Diversités, des entreprises à l’image de la société et les 200 réseaux et événements incontournables qui paraît début décembre.
Candidatez à la 13è édition des Trophées Défis RSE en 2024
Ouverture des candidatures : le 15 février 2024.
1 place offerte pour assister à la soirée du 6 décembre aux 15 premières PME, grandes entreprises ou start-up engagées sur la RSE et l’impact qui candidatent aux Trophées Défis RSE 2024.
Publication News RSE
Dans la poursuite de son engagement contre les inégalités, News RSE a conçu une collection de guides pratiques dès 2008, pour valoriser des organisations qui portent les valeurs humaines et sociétales essentielles au développement d’une organisation dite responsable et moderne.
Dans cette nouvelle édition à paraitre en décembre 2023, après un état des lieux de l’égalité femmes-hommes en France, Nora Barsali donne la parole notamment à 50 femmes dirigeantes, expertes, rôles modèles et experts engagés, issus du monde privé, public, académique ou associatif qui témoignent de leurs parcours, vision et initiatives en faveur de l’égalité. Afin de valoriser le rôle essentiel des associations, le guide référence les réseaux, associations et évènements incontournables sur ces enjeux égalitaires.
Le guide sera consultable fin décembre en format ebook, sur le site de News RSE et d’Impact4ThePlanet.
Nouvel atelier d'intelligence collective
News RSE, en partenariat avec Exalt You, lance son Atelier RSE®, pour :
• S’inspirer mutuellement et individuellement •
• Progresser en RSE et valider sa stratégie •
• Pulvériser l’impact dans son organisation •
Selon la méthodologie IA, de l’inspiration à l’action, et grâce au jeu de cartes modèle Exalto, créé par Exalt You, l’Atelier RSE® encourage à réfléchir aux enjeux de son organisation collectivement, et de repartir avec des solutions.
La RSE prend une place de plus en plus capitale dans l’entreprise, et passe notamment par la communication. Une communication RSE se doit d’être ancrée dans une vraie vision et des actions concrètes, en partageant sa démarche pour susciter l’adhésion des collaborateurs, en confortant sa vision et en associant l’ensemble de ses parties prenantes.
Et pour prendre un temps d’avance, l’Atelier RSE® permet de découvrir le dispositif Défi Carbone®, lancé par News RSE en partenariat avec l’ADEME, pour que chaque participant puisse évaluer, comprendre et agir sur son empreinte carbone, et intégrer ce dispositif dans chaque organisation.
PROCHAIN ATELIER RSE®
Pour en savoir plus sur les prochains Atelier RSE® et le programme 2024, contactez-nous :
secretariat@newsrse.fr
Anne-Virginie Dissard
Directrice Communication Corporate et RSE, Kingfisher
Une grande entreprise engagée contre
le mal-logement
♦ Le jury récompense votre démarche RSE exceptionnelle en matière d’inclusion : en quoi consiste-t-elle et pour quels publics ?
Il y a plus de 30 ans, le Groupe Kingfisher prenait ses premiers engagements d’entreprise responsable en faveur de la préservation des forêts. Aujourd’hui, notre stratégie RSE se dessine autour de 4 priorités : l’inclusion, la lutte contre le changement climatique et la préservation des forêts, des logements plus respectueux de l’environnement pour nos clients et la lutte contre le mal-logement.
Le mal-logement touche 4,1 millions de personnes en France selon la Fondation Abbé Pierre. Ce sont ces personnes fragiles que nos Fondations Castorama et Brico Dépôt cherchent à aider, en soutenant des associations qui œuvrent au quotidien pour leur offrir un logement décent et parfois un logement tout court. Notre engagement se manifeste à la fois par du soutien financier, du don de produits et de la transmission de savoir-faire, à travers les cours de bricolage solidaires.
Et parce que nous sommes convaincus que ces actions doivent servir à créer du lien social, nous cherchons dans tous nos projets à impliquer nos collaborateurs et à créer des ponts entre eux, les associations et les bénéficiaires des projets. Ces derniers sont également impliqués dans les projets chaque fois que c’est possible, pour renforcer la dynamique d’inclusion.
♦ Comment la holding Kingfisher déploie-t-elle sa politique auprès de ses filiales et enseignes ?
La lutte contre le mal-logement est arrivée naturellement dans notre réflexion stratégique car, pour nos actions de solidarité, il nous semblait essentiel de choisir une cause en lien direct avec notre cœur de métier. Toutes les enseignes du Groupe partagent la même cause, ce qui nous permet d’accroître notre impact.
Ensuite, chaque enseigne a la liberté de s’approprier les actions comme elle l’entend. La Fondation Castorama a par exemple développé les chantiers solidaires, lors desquels les collaborateurs de l’enseigne vont, sur leur temps de travail et avec des produits offerts par l’entreprise, rénover des logements pour le compte d’associations. Brico Dépôt propose à ses collaborateurs de se mettre en relation avec des associations à proximité de leur dépôt pour proposer des projets qui seront ensuite soutenus par la Fondation Brico Dépôt.
L’idée est que le Groupe fixe un cadre, qui garantit la cohérence et l’impact ; ensuite les équipes se saisissent des projets qui leur tiennent à cœur.
♦Comment Kingfisher embarque ses collaborateurs dans sa démarche de responsabilité sociétale et pour quels impacts ?
Notre démarche d’inclusion sociétale des personnes en situation de mal-logement et de précarité n’est possible que grâce à l’action de nos collaborateurs qui donnent de leur temps et de leurs compétences pour accompagner les projets.
Au-delà de la communication, qui est clé pour créer de l’enthousiasme, partager les bonnes pratiques et susciter l’envie d’agir, nous cherchons en permanence des moyens de rendre nos collaborateurs acteurs de nos politiques. C’est une manière de créer de l’engagement, de la cohésion et de répondre à la quête de sens.
Défi Carbone®
Cette première édition de Défi Carbone, lancée par NEws RSe en partenariat avec l’ADEME, donnera lieu à une remise de prix Défi Carbone.
Nous vous donnons rendez-vous le 6 décembre pour connaître les 3 premiers lauréats !
En France, la moyenne des émissions d’équivalent CO2 par habitant est évaluée autour de 9 tonnes par an. Très loin de l’objectif de 2 tonnes pour 2050… La réduction drastique qui s’impose pour répondre aux objectifs des accords de Paris nécessite donc la mobilisation de tous, et chaque geste compte.
START-UP À IMPACT
Christian Bruère, Président fondateur de Mob-ion
Au cœur de la remanufacturation
♦ Qu’est-ce que le concept de #PérennitéProgrammée, un nouveau modèle économique ?
Le concept de #PérennitéProgrammée est un modèle économique développé par Mob-ion qui nous permet de nous imposer en rupture complète avec la logique traditionnelle de l’économie linéaire puisque notre approche comptable nous incite à nous assurer de la fiabilité de nos produits sur des durées très longues.
Ce modèle économique est basé sur l’optimisation des ressources appliquées à la mobilité urbaine. Les bénéfices sont multiples : augmentation de la durée de vie de nos scooters électriques et de nos batteries, réduction de notre empreinte carbone et diminution du coût total de l’acquisition des opérations.
Il repose sur plusieurs leviers : la recherche constante de matériaux renouvelables, réutilisables et recyclables, la maximisation de la « réparabilité » des pièces, ainsi que la réduction des déchets industriels et des rejets d’effluents, la vente à l’usage, le reconditionnement des batteries pour multiplier leurs cycles de vie. Grâce au concept d’écoconception démontable, nos produits sont beaucoup plus durables car plus faciles à démonter, donc plus faciles à réparer. Nous sommes au cœur de la remanufacturation qui permet de récupérer des composants pour les réintégrer dans un nouveau processus industriel.
♦ Quel est l’enjeu écologique de ce concept et comment Mob-ion a-t-il mis en place un scooter qualifié de plus écologique du marché ?
Ce modèle repose sur 3 piliers : l’écoconception démontable, l’industrie circulaire et la vente à l’usage. Ce dernier pilier nous permet de rester propriétaire de nos sous-ensembles et composants et de les réutiliser cycles après cycles. Quand un composant n’est plus conforme, il peut être recyclé d’une manière optimale car comme il est démontable, il n’est pas mélangé à d’autres ressources, ce qui impliquerait une dégradation de la ressource et donc un downcycling jamais souhaitable. Mob-ion s’est fixé l’objectif de ne produire aucun déchet, ce que la vente à l’usage et l’industrie circulaire permettent.
Aujourd’hui, grâce à la remanufacturation, 62 % des pièces et des composants de l’AM1, représentant 78 % de sa valeur initiale, peuvent être réutilisés pour fabriquer un nouveau produit. Grâce à ce procédé d’industrie circulaire, l’impact sur le réchauffement climatique du scooter AM1 est près de 8 fois moins élevé que celui d’un scooter thermique et près de 3 fois moins élevé qu’un autre scooter électrique.
♦ Comment ce nouveau modèle concilie-t-il innovation, économie circulaire et soutenabilité ?
Nous avons élaboré une nomenclature à #PérennitéProgrammée qui détermine la durée de vie de chaque composant. Quand un composant appartient à un sous-ensemble pour lequel la rupture technologique est peu probable, nous investissons dans des qualités de composants très élevées afin d’obtenir le meilleur retour sur investissement. En effet, la demande pour certaines ressources naturelles (les aimants permanents, le cuivre, le nickel, l’aluminium) ne cesse de croître et la probabilité pour que leurs prix augmentent est très élevée. De plus, l’extraction de minerais se faisant exclusivement avec des énergies fossiles augmente encore plus cette probabilité. La France, ne produisant que très peu de minerais, a tout intérêt à considérer cette industrie circulaire comme une alternative très sérieuse à sa compétitivité économique, sa balance commerciale et les bienfaits écologiques qui en découlent. De plus, ce modèle local crée des emplois non délocalisables et de nombreuses filières pour le démontage, la qualification et le traitement de ces composants.
ONG ET PERSONNALITÉ À SUIVRE
Claire Nouvian, fondatrice de BLOOM Association
et Pauline Bricault, chargée de campagne Marchés
Devoir de vigilance : comment une ONG procède pour rappeler aux entreprises leurs responsabilités
BLOOM Association dénonce depuis 2022 et sans relâche, les nombreux méfaits associés à la pêche thonière. Le problème est complexe et multiforme, car à travers leur chaîne de valeur, ces pêcheries ont un impact environnemental désastreux, font courir de graves risques aux travailleurs et aux consommateurs, et menacent le concept même de démocratie et la souveraineté de certaines nations de pêche côtière. consciente de la nécessité d’accélérer les actions pour mieux protéger les populations de thon, les droits humains et la santé des consommateurs BLOOM a demandé à la grande distribution européenne d’expliquer et de prouver les mesures qu’elle prend pour assurer la durabilité de leur offre de thon. Ce travail a été réalisé en collaboration avec l’ONG Blue Marine Foundation, ainsi qu’avec Greenpeace UK pour les enseignes britanniques.
Rencontre avec la fondatrice de BLOOM Claire Nouvian, qui publie son rapport Délibéremment ignorants.
L’exemple de BLOOM et de la filière de la pêche thonière
♦ BLOOM, une ONG qui défend les océans, dénonce sans relâche les nombreux méfaits associés à la pêche thonière. Pourquoi ? Quels impacts sur l’environnement, la filière, les enjeux de RSE ?
Le thon est le poisson préféré des Européens, et notamment des Français qui en consomment 4 kg par habitant chaque année. Dans l’océan Indien, l’Union européenne possède la première puissance de pêche thonière industrielle, avec 350 000 tonnes de thon pêchées chaque année.
La pêche thonière industrielle qui alimente le marché du thon en boîte s’est construite sur une puissance de pêche colossale et des pratiques de pêche destructrices : les navires impliqués sont parmi les plus grands au monde — plus de 80 mètres de long en moyenne et jusqu’à 116 m pour les plus grands — et relâchent en mer chaque année plus de 120 000 « Dispositifs de Concentration de Poisson » (DCP), des radeaux équipés d’outils de suivi par satellite, de sonars, de batteries, panneaux solaires etc., qui dérivent au gré des courants et attirent immanquablement la vie marine sans distinction, notamment des espèces fragiles comme des requins, des tortues, des marlins, des raies, etc. Les DCP génèrent aussi des captures substantielles de thons juvéniles, qui ne se sont donc pas encore reproduits, et accentuent ainsi la pression sur des populations de thons déjà surexploitées. La plupart des DCP finissent par être abandonnés et s’échouent dans les récifs coralliens ou sur les plages, générant ainsi pendant encore longtemps de la « pêche fantôme », mais aussi une pollution électronique considérable.
Sur le plan humain, la pêche industrielle thonière engendre des violations des droits graves et systémiques, allant de la servitude pour dettes au travail forcé ainsi qu’à des conditions de travail inhumaines. Ces violations ont aussi été largement documentées au niveau des usines de transformation. D’un point de vue sanitaire, les consommateurs sont également menacés. Le thon est hautement bio-accumulateur de mercure, puissant neurotoxique en particulier pour les enfants en développement. Ce risque fait aujourd’hui l’objet d’un manque cruel d’attention en France, les femmes enceintes et les enfants doivent être avertis des risques qu’ils encourent en le consommant.
En outre, la pêche thonière soulève des préoccupations d’ordre démocratique et de respect de la souveraineté des États côtiers de l’océan Indien, où les industriels européens influencent les négociations internationales pour maintenir leur emprise sur la ressource.
En conclusion, la filière du thon pose des problèmes graves tant sur le plan environnemental que social, et soulève des inquiétudes quant à la santé des consommateurs, mettant en lumière la nécessité urgente de réformes substantielles dans cette industrie.
♦ Vous publiez un rapport sur les politiques d’approvisionnement des principaux distributeurs dans le cadre de la série « TunaGate ». Quelles sont les conclusions de votre enquête ? Que faut-il retenir ?
Notre rapport, intitulé « Délibérément Ignorants » et produit en collaboration avec les ONG britanniques Blue Marine Foundation et Greenpeace UK, dresse un constat sévère des pratiques de la grande distribution européenne dans la gestion des enjeux de la chaîne de valeur du thon.
Les enseignes feignent d’ignorer les problématiques soulevées mais elles en sont parfaitement conscientes. Le désastre humain et écologique qui caractérise la pêche thonière est public depuis longtemps. Nos enquêtes ont simplement approfondi, documenté et précisé des sujets déjà fort bien connus. Il n’est donc pas acceptable que les enseignes aient mis en place des solutions qui restent insuffisantes ou des labels trompeurs pour tâcher de pallier leur irresponsabilité.
Bien que la plupart aient adopté des lignes de conduite pour leur approvisionnement en produits de la mer, celles-ci ne couvrent souvent que les produits des marques de distributeur (MDD), négligeant des marques nationales majeures telles que Petit Navire et Saupiquet. Il est crucial que la grande distribution inclue des critères ambitieux pour l’ensemble de ses achats concernant son offre thon.
Quant aux achats des produits MDD, il se trouve que dans 80% des cas, l’utilisation de Dispositifs de Concentration de Poisson (DCP) est autorisée. De plus, 86% des enseignes se reposent sur le label MSC, malgré le fait qu’il ait été prouvé de nombreuses fois que ce label n’indique aucunement une durabilité environnementale ou sociale. En outre, aucune enseigne n’a confirmé la réalisation d’audits sociaux sur les bateaux, négligeant ainsi le risque majeur présent à cette étape de la chaîne d’approvisionnement.
♦ Quelles sont les responsabilités et risques des distributeurs ? Et comment procédez-vous en tant qu’ONG pour que les entreprises respectent les règles ?
Depuis 2017, la loi française sur le devoir de vigilance impose aux entreprises de plus de 5 000 salariés de mettre en œuvre un « plan de vigilance » afin de traiter les dommages et les risques sociaux, environnementaux et sanitaires tout au long de leur chaîne de valeur. Ainsi, les distributeurs sont responsables des produits qu’ils mettent en rayon.
En tant qu’ONG, nous avons alerté sur les nombreux risques de l’industrie thonière. Malgré cela, trop peu d’enseignes ont réhaussé l’ambition de leurs engagements. Carrefour étant la première chaine de supermarchés en France et la 7ème à l’international, avec plus de 14000 magasins dans 40 pays, elle doit être exemplaire. Avec l’aide des cliniques juridiques de Sciences Po et de l’université de Harvard, nous avons étudié dans le détail les chaînes d’approvisionnement de Carrefour. À l’issue de ce travail, les manquements constatés quant à son devoir de vigilance dans la chaine de valeur du thon nous ont conduit à mettre en demeure l’enseigne aux fins qu’ils soient rectifiés. Bien que Carrefour se targue d’offrir des produits de « pêche durable », à date, cela ne correspond pas à la réalité. Dans ce contexte, nous restons disposés à travailler avec cette enseigne et toutes les autres pour que cette promesse devienne enfin réalité.
ÉVÈNEMENT PARTENAIRE
Des événements au service de l'économie, de l'innovation et du bien commun
Forum du commerce responsable
En partenariat avec Bpifrance
Quand ? 27 novembre 2023
Où ? Bpifrance, le Hub – 6/8 boulevard Haussmann, Paris 9
Organisé par ? Le Collectif Génération Responsable
Au cœur des démarches de responsabilité du Collectif Génération Responsable, l’avantage économique des commerces à s’engager est prépondérant. Ces avantages et leurs résultats seront soulignés pour chaque initiative, chaque action et chaque solution présentée dans le cadre de ce forum.
Au programme, démonstrations, échanges avec les commerçants déjà engagés, sensibilisation aux enjeux du commerce responsable :
• Des informations personnalisées et pratiques pour faire ses premiers pas en matière de RSE ;
• S’inspirer des expériences des commerçants à différents stades d’avancement ;
• Des contacts directs avec des experts et des responsables RSE.
Modalités : gratuit et accessible à tous les commerçants indépendants, franchisés, affiliés et à toutes les enseignes qui souhaitent trouver solutions, services et dispositifs pour progresser à leur rythme.
Soirées GenZ'Art, 1ère session
Quand ? 30 novembre 2023
Où ? Nef du Musée d’Orsay
Organisé par ? Musée d’Orsay
Le musée d’Orsay lance les soirées GenZ’Art, une nouvelle programmation
qui met à l’honneur la génération Z.
Pour cette première soirée GenZ’Art, le musée d’Orsay invite le collectif Minuit Douze, le pianiste et écrivain Patrick Scheyder et la militante écologiste Camille Étienne. Ces artistes engagés partageront leur vision sur le rôle crucial de la culture dans la manière dont les êtres humains interagissent avec l’environnement.
« La forêt est immense, multipliée, innombrable en détails, inépuisable en statuettes et en paysages. Elle a l’air d’un musée de sculpture et de peinture, avec cette différence que tout est vivant, animé, mobile et divers ».
George Sand, La mare au diable, 1846.
Au programme :
• Performance déambulatoire Les cimes par le Collectif Minuit 12.
• Performance Des arbres à défendre ! avec Patrick Scheyder, Emma Varichon, le collectif Minuit 12 et les textes de la célèbre autrice du XIXe siècle George Sand, interprétés par Camille Étienne et Justine Sène.
• Agora modérée par Hélène Binet avec Patrick Scheyder et Camille Étienne.
INTERVIEW CROISÉE
Camille Étienne,
Activiste et auteure*
Patrick Scheyder,
Pianiste et auteur**
L’écologie, un combat qui ne date pas d’aujourd’hui
L’écologie n’est pas un combat d’aujourd’hui. Déjà au XIXè siècle, des artistes se mobilisent aux côtés de George Sand et de Théodore Rousseau co-fondateur de l’Ecole de Barbizon – pour sauver la forêt de Fontainebleau de l’abattage.
Avec les Peintres de Barbizon et d’autres artistes et personnalités de l’époque, ils se battent pour préserver la beauté et la fragilité de la forêt de Fontainebleau et Sand écrira en 1872 la première tribune écologique en France, évoquant l’assèchement de la planète par déforestation, l’Amazonie qui disparaît, la nécessité de mettre un frein aux appétits de l’humain contre la nature qu’il épuise.
Un spectacle « Des arbres à défendre! » conçu par Patrick Scheyder au piano avec Camille Étienne dans le rôle de George Sand, et les danseuses du collectif Minuit 12 qui aura lieu le 30 novembre lors d’une soirée exceptionnelle au Musée d’Orsay, remet en perspective ce temps de l’histoire artistique et écologique.
Rencontre avec ces 2 auteurs interprètes.
♦ Comment le texte de George SAND*** est-il en lien direct avec nos préoccupations écologiques actuelles ?
Patrick Scheyder : Sand écrit la première tribune « écologique » en France dans le journal Le Temps en 1872 ; elle y critique la déforestation opérée dans la forêt de Fontainebleau , pour renflouer les caisses de l’État ! Elle anticipe sur bien des constats que font actuellement les scientifiques du GIEC : Sand affirme que la déforestation assèche la planète, que la forêt vierge (l’Amazonie déjà) est surexploitée ! Elle affirme enfin que l’humain devra se mettre une certaine limité à ses appétits, sans quoi la terre deviendra inhabitable par la faute de l’humain. Elle finit en disant que ne pas léguer aux générations futures la beauté du végétal et la richesse de la terre, c’est signer « sa démission d’homme, et rompre le lien qui rend les générations solidaires les unes des autres. » On ne saurait mieux dire !
Camille Etienne : Le texte de Sand est toujours d’actualité, par exemple la récente mobilisation citoyenne autour de l’Autoroute A69 entre Castres-Toulouse. Fontainebleau est le premier endroit préservé par des artistes de Barbizon qui vont faire une campagne pour sauver la forêt qui doit être assimilée aux monuments nationaux et historiques pour le tourisme. C’est beau de voir que des artistes se mobilisent. George Sand écrit : « Si on n’y prend garde, l’arbre disparaîtra et la fin de la planète par desséchement sans cataclysme nécessaire, par la faute de l’homme. » Cette mobilisation dit quelque chose de cette époque. Et pour nous c’est une façon de continuer le combat.
♦ Où en est-on de l’engagement des artistes sur les causes de l’écologie et la planète ? La société commence à bouger mais pas assez pour cette grande cause, pourquoi ? Que proposez-vous ?
PS : J’ai créé le mouvement de l’Ecologie culturelle voici 1 an ; pour rapprocher écologie et culture. L’écologie ne doit pas s’exprimer seulement en termes scientifiques et de raison ; elle doit aussi toucher nos émotions et notre culture. Une écologie sensible, qui touche un large public. Nous créons des événements et des expériences avec le soutien de l’ADEME (comme au Musée d’Orsay le 30 novembre), nous travaillons avec la jeunesse des quartiers au travers notamment de l’institut de l’Engagement. Et l’Écologie culturelle est maintenant enseignée dans le cursus du Campus des Transitions de Sciences Po Rennes Caen. Enfin nous créons des Maisons de l’Ecologie culturelle, qui proposent des ateliers, rencontres, performances et animations associant culture et écologie (Il y en a 5 de crées à ce jour). Beaucoup de chemin accompli en très peu de temps ; et nous sommes au début d’une formidable aventure !
CE : Je trouve qu’il y a de plus en plus d’artistes qui s’engagent. On ne voit pas comment on va pouvoir continuer à faire de grands concerts ou des tournages sans réfléchir à la façon dont on baisse notre empreinte carbone sur nos tournées. On voit aussi des collectifs émergés, souvent des femmes d’ailleurs. Cyril Dion par exemple est à la croisée des chemins entre militantisme et création artistique.
* Camille Étienne, Pour un soulèvement écologique, Éditions Seuil
** Patrick Scheyder, Des arbres à défendre! et Sand, écrits sur la nature, parus aux Éditions Le Pommier
*** George Sand et la défense de la forêt de Fontainebleau, texte paru dans le journal Le Temps, le 6 novembre 1872
PUBLICATIONS À DECOUVRIR
Découvrez la sélection du mois de News RSE
À l’heure où nous publions notre Newsletter, nous apprenons le décès de Martine Esquirou, journaliste et experte sur la question des start-up et de la parité.
L’ouvrage Femmes et start-up, les clés du succès, publié aux éditions Dunod, propose un guide enrichi d’interviews pour se lancer dans l’entreprenariat.
Martine Esquirou, avec qui j’avais échangé en juin dans le cadre des interviews de mon ouvrage, avait à cœur de comprendre pourquoi le secteur des start-up compte si peu de femmes, et d’encourager l’entrepreneuriat féminin.
Nora Barsali
Seulement 10 % des jeunes pousses technologiques créées en 2022 l’ont été par des équipes exclusivement féminines, et 12 % par des équipes mixtes. Selon le baromètre du collectif SISTA , 20 % des start-up créées en 2022 en France comptent au moins une femme parmi les fondateurs.
Dans leur ouvrage Femmes et start-up, les clés du succès publié aux éditions Dunod, Martine Esquirou et Guillaume du Poy reviennent sur une enquête au cœur de l’entrepreneuriat féminin français. En étudiant à la fois le marché et à travers 16 interviews de start-uppeuses, les auteurs dressent un panorama de cet écosystème, donne des conseils pratiques pour encourager les femmes qui se lancent dans l’aventure entrepreneuriale.
RSE et Développement durable
Alain Jounot
(Éditions Afnor éditions)
Aujourd'hui, pratiquement toutes les entreprises ont acquis une culture du développement durable. Quant au grand public, la connaissance de ces questions est de plus en plus grande et précise.
Les nombreux grenelles de l'environnement, les COP, la taxe carbone, les cris d'alarme des spécialistes ont fait leur travail pédagogique.
Mais aujourd'hui, les organisations sont au pied du mur : comment prendre part à cette grande opération pour laisser à nos enfants une société plus sûre, plus juste et plus respectueuse de la planète ? Elles doivent rendre des comptes et donc s'évaluer ou être évaluées.
La norme NF EN ISO 26000 constitue un jalon important dans le progrès des organisations vers une prise en compte en profondeur de la RSE.
Cet ouvrage pragmatique a pour mission d'informer les entreprises de toute taille et, en particulier, les PME-PMI. Un livre essentiel pour aider, comprendre et mettre en place les démarches pertinentes en faveur du développement durable et de la RSE.
Mon métier aura du sens
Julien Vidal
(Éditions Vuiber)
Les métiers de demain existent déjà !
Ils sont déployés par les structures de l'ESS et de la transformation écologique. Faire mieux avec moins de ressources, recréer du lien avec les autres, retrouver du sens au travail, régénérer le Vivant, faire de la culture un engagement éthique. L'ouvrage fournit des fiches métiers et une galerie de témoignages inspirants afin de montrer qu’il existe un maillage de projets, de structures et d’initiatives qui incarnent les modes de vie de demain. Ce livre participe à la bataille des imaginaires et apporte les références économiques, techniques et culturelles nécessaires pour révéler des pistes d’orientations professionnelles à la hauteur des enjeux du 21ème siècle.
Tu seras une mère féministe !
Aurélia Blanc
(Éditions Marabout)
Pour de nombreuses femmes, la maternité, c’est d’abord une claque : dépossession de soi-même, inégalités domestiques, discriminations professionnelles, injonctions écrasantes, isolement social. Et pour toute une génération de femmes biberonnée aux discours sur l’égalité, la désillusion est grande. Ce serait donc ça, être mère?
Croisant des témoignages de femmes et des analyses de spécialistes, Aurélia Blanc, mère et journaliste, s’attaque ici aux préjugés et aux injustices que vivent les mères, et réunit tous les outils pour leur permettre de mieux vivre leur condition maternelle.
Déboulonnant la figure de la mère parfaite, elle décortique les mécanismes qui conduisent tant de femmes à se sentir seules et défaillantes dans leur rôle de mère, pour les aider à retrouver confiance et estime de soi. Car la maternité n’est pas qu’une expérience aliénante : elle est aujourd’hui le moteur d’une prise de conscience féministe massive et émancipatrice.
Petit manuel de résistance contemporaine
Cyril Dion
(Éditions Actes Sud et babel)
Que faire face à l’effondrement écologique qui se produit sous nos yeux ? Ne sommes-nous pas face à un bouleversement aussi considérable qu’une guerre mondiale ? Dès lors, n’est-il pas nécessaire d’entrer en résistance contre la logique à l’origine de cette destruction massive et frénétique de nos écosystèmes ? Mais résister contre qui ? Cette logique n’est-elle pas autant en nous qu’à l’extérieur de nous ? Résister devient alors un acte de transformation intérieure autant que d’engagement sociétal…
Avec cet ouvrage, l’auteur propose de nombreuses pistes d’actions, mais plus encore, nous invite à considérer la place des récits comme moteur principal de l’évolution des sociétés. Il nous enjoint de considérer chacune de nos initiatives comme le ferment d’une nouvelle histoire et de renouer avec notre élan vital. À mener une existence où chaque chose que nous faisons participe à construire le monde dans lequel nous voulons vivre. Un monde où notre épanouissement personnel ne se fait pas aux dépens des autres et de la nature, mais contribue à leur équilibre.
Eau : l’état d’urgence
Anne Le Strat
(Éditions Seuil Libellé)
Les sécheresses estivales et hivernales que connaît la France mettent de nombreuses régions sous tension hydrique. Loin d’être exceptionnelle, cette situation va devenir notre quotidien.
Face au risque d’une crise de l’eau, ressource naturelle la plus menacée par le dérèglement climatique, le « plan eau » du gouvernement propose des ajustements techniques tournés vers le court-terme et quelques intérêts privés.
Il y a pourtant urgence à réinterroger les usages de l’eau, son partage et sa gestion, et à déployer une nouvelle politique – déjà à l’œuvre sur de nombreux territoires urbains et ruraux – essentielle à la garantie d’une Terre habitable
Mission Blablacar
Benoît Reillier, Laure Claire Reillier, Frédéric Mazzella
(Éditions Eyrolles)
Comment la startup BlaBlaCar a-t-elle réussi à convaincre les sceptiques, et à s'imposer sur trois continents, du Brésil à la Russie ?
Découvrez des histoires fortes, des sources de motivation pour faire naître de grands projets, et des méthodes simples et efficaces pour se lancer et entreprendre.
Vous aussi, activez le mode Mission !
Avec 100 millions de covoitureurs dans le monde, BlaBlaCar est passé du bizarre... à l'évident. Pour la première fois, son fondateur Frédéric Mazzella dévoile les coulisses et les recettes de ce succès : les doutes et les joies, les galères et les ambitions, la construction d'une équipe et les apprentissages. Laure Claire et Benoît Reillier nous font vivre leurs échanges au BlaBlaCafé avec l'entrepreneur français le plus en vue des dix dernières années. Un livre plein d'optimisme qui pose des jalons pour une génération montante aux valeurs fortes et responsables, et qui donne, plus que jamais, l'envie d'agir pour le bien commun.