La News RSE N°34 – La RSE au service de la performance et de la transparence
La News RSE
DÉCEMBRE 2022 - JANVIER 2023 / NUMÉRO 34
EDITO
NORA BARSALI
FONDATRICE PRESIDENTE DE
NEWS RSE ET FONDATRICE DE
IMPACT4THEPLANET
L’entreprise de 2023 sera RSE et transparente ou pas…
Que peut-on attendre de l’entreprise si elle ne porte pas des engagements sociétaux ? Ni la fidélité de ses salariés ou de ses clients, ni l’implication des équipes, ni l’envie d’avancer avec elle pour avoir un impact positif sur la société. De plus en plus de salariés, consommateurs et citoyens attendent que les dirigeants s’engagent pour apporter, au-delà de leurs activités, des réponses face aux enjeux sociétaux et environnementaux. La RSE qui préconise que les entreprises prennent en compte les effets qu’elles exercent sur la société, place à juste titre l’impact, la transparence et l’engagement sociétal au cœur des stratégies de ces entreprises dites responsables.
La nouvelle directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) sur la communication des données de durabilité va entrer en vigueur dès 2023 pour de nombreuses entreprises soumises aux obligations de diffusion d’informations sociales et environnementales. On peut se réjouir que la CSRD renforce la place de la RSE dans les entreprises tout en soutenant une économie durable, à travers notamment le Pacte vert européen, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Si ce n’était pas déjà le cas pour les entreprises portant une démarche de RSE, les entreprises vont devoir rendre compte de leur stratégie face aux enjeux sociaux et environnementaux de leurs activités, en apportant dans le détail des informations selon des indicateurs extra-financiers qui seront clairement établis.
Ainsi la CSRD, redonne toutes ses lettres de noblesse à la RSE en questionnant l’entreprise qui devra répondre à la question essentielle de toute organisation qui se dit RSE et à impact : « en quoi le modèle d’affaires et la stratégie de l’entreprise prennent en compte l’intérêt des parties prenantes et les incidences de l’entreprise sur les questions de durabilité ».
La France est particulièrement engagée sur son territoire et dans les instances européennes et internationales pour aller encore plus loin dans les textes permettant de répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux. Les récentes lois AGEC et Climat et résilience, le paquet économie circulaire de l’Union européenne, le plan sobriété énergétique, le forfait mobilité durable, autant d’outils juridiques et de dispositifs permettant de transcrire en acte la réalité des démarches RSE des entreprises notamment en matière de transition écologique et solidaire.
Celles qui prennent le risque de s’en détourner prennent aussi le risque non seulement d’avoir du mal à fidéliser ou recruter des collaborateurs ou des clients mais également d’être pointées du doigt.
Jusqu’alors relativement épargnées, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à être visées par des actions juridiques comme le démontre une étude publiée par le Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment, rattaché à la London School of Economics. Le nombre de litiges lié au changement climatique a explosé ces dernières années, tous secteurs d’activité confondus. Sans surprise, la grande majorité des plaintes sont relatives à des manquements aux engagements climatiques ou à un aspect spécifique de la stratégie des entreprises, notamment la chaîne d’approvisionnement, comme pour de récentes affaires dans l’agro-alimentaire ou le textile.
Désormais il ne suffit plus de publier sa raison d’être, de se déclarer entreprise à mission ou de brandir une politique RSE pour s’afficher Responsable et engagé sur le plan Sociétal et Environnemental. Il faudra le prouver en toute transparence : il en va de la valeur de l’entreprise, plus uniquement cantonnée à sa performance financière mais également à sa performance extra-financière.
L'INTERVIEW DU MOIS
Jean JOUZEL
Paléoclimatologue, directeur émérite de recherches au CEA-CNRS, membre du GIEC et Prix Nobel de la Paix en 2007
« Concilier intérêt général, bien commun et économie »
FOCUS ACTU
Le 10 novembre 2022, le Parlement européen a adopté la directive CSRD, dont l’application sera progressive à compter du 1er janvier 2024. Renforçant l’actuelle NFRD, cette nouvelle directive élargit le périmètre des organisations qui devront réaliser leur comptabilité extra financière et afficher leur impact sur la société et l’environnement ; les informations fournies quant aux questions de durabilité devront être plus détaillées.
Un projet de loi visant à transposer cette directive par ordonnance sur le reporting de durabilité français a été rejeté en séance par le Sénat, qui considère cette transposition précoce et sur un périmètre trop large. Il pourra être réexaminé, sous couvert de modifications, après la publication du texte européen au Journal officiel de l’UE.
FOCUS EXPERT
Michel Ruimy
Économiste, Enseignant à l'ESCP et Science PO
"Chaque veille de COP, l'espoir renaît"
FOCUS EXPERT
Claire Nouvian
Fondatrice de Bloom,
Prix Goldman de l'environnement 2018
Prenons nos responsabilités
BONNES PRATIQUES
Lutte contre la déforestation : exemple d’un partenariat entreprise/ONG autour de la filière soja
Quand les européens consomment –de la viande, des œufs, du cacao, mais aussi du bois ou du caoutchouc –, la plupart ne se rend pas compte que des forêts entières ont été rasées. Et les conséquences sont nombreuses, tant sur le climat et la biodiversité, que sur les populations locales.
Au moment où se déroule la COP15 à Montréal, la Commission européenne et ses États membres sont parvenus à un accord historique visant à lutter contre la déforestation importée. Historique, car désormais l’Europe entend interdire tous les produits dérivés issus de la déforestation et somme les entreprises de se doter d’un système de vigilance autour des produits qu’elles commercialisent. Cette loi interdira l’importation de produits issus de terres déboisées après décembre 2020.
Toutefois, bien que ce soit une avancée majeure, ce texte n’inclut pas certains écosystèmes aussi menacés tels que les « autres terres boisées ». Le WWF regrette également que la loi n’évoque pas non plus les droits humains, en particulier ceux des peuples autochtones qui ne bénéficieront que d’une protection fragile. Ce texte est malgré tout salué par le gouvernement, notamment le ministère de la Transition écologique, la France s’étant fortement mobilisée pour aboutir à cet accord et en a fait l’une des priorités lors de sa présidence du Conseil de l’Union européenne.
L’innovation au service de la transparence et de la lutte contre la déforestation
Fondée en 1999 par Scott Poynton, la fondation Earthworm accompagne les entreprises dans leur démarche de production responsable en apportant de la transparence sur leur approvisionnement en matières premières afin de protéger les forêts. D’abord spécialisée dans les bois tropicaux, son action s’est étendue au bois tempéré puis aux autres matières premières –huile de palme, caoutchouc, soja, et même au-delà des forêts, avec le coton et les ressources halieutiques. En outre, les missions d’Earthworm englobent aujourd’hui l’agriculture et les communautés locales, convaincue que l’interdépendance de ces écosystèmes est capitale pour installer des solutions pérennes. Depuis son origine, la Fondation reste fidèle à la mission qu’elle s’est fixée : « Améliorer la relation des hommes envers la nature ».
Grégoire Jacob, Member Manager chez Earthworm, nous explique comment la question du soja est devenue importante pour la fondation :
« Le secteur du soja n’a été mis en avant auprès du grand public que très récemment, contrairement aux impacts de l’huile de palme. La règlementation à son sujet est donc encore peu impactante aujourd’hui. Or 85% du soja est destiné à l’alimentation animale. Lorsque l’on achète de la viande ou des œufs, on voit rarement derrière, le soja qui alimente la vache ou la poule, et donc la déforestation induite. En France 80% du soja importé provient d’Amérique du Sud (70% Brésil et 10% Argentine) et est issu de déforestation.
Tout l’enjeu est là : apporter de la transparence sur l’origine du soja, les routes au Brésil, les flux logistiques ou les infrastructures. Notre valeur ajoutée chez Earthworm est double : bénéficier de spécialistes et d’experts sur le terrain, dans les zones de production ou d’extraction des matières premières, afin de comprendre les rouages des achats responsables depuis les chaînes d’approvisionnement.
Ajoutée à ces experts, l’utilisation de données satellitaires permet de contrôler les zones à risque en matière de conversion ou de déforestation.
Nous souhaitons créer de la confiance entre les partenaires ; parce que savoir permet de décider et d’agir, soit en stoppant ces achats, soit en aidant les agriculteurs à transformer leur modèle. C’est pourquoi la fondation ambitionne de faire basculer les marchés, pour que 100% du soja importé en France – ce qui représente 60 cargos, soit 3 millions de tonnes/an – soit ZDC (zéro déforestation ni conversion) en 2025. »
Interface entre les marques ou les entreprises, et les solutions avec des équipes terrains, Earthworm travaille avec une grande partie de la grande distribution et d’entreprises spécialisées (mobilier, alimentation, textile, etc.), comme Lidl.
Lidl, distributeur engagé pour une filière soja plus responsable
C’est notamment grâce au partenariat avec la chaine de supermarchés Lidl, entrepris depuis plusieurs années, que le premier cargo estampillé ZDC est arrivé en France fin mai 2022.
Depuis plus de 5 ans, Lidl fait de la lutte contre la déforestation importée un de ses projets phares, à travers l’INITIATIVE SOJA en collaboration avec l’organisation internationale RTRS, en déployant des projets sociaux et écologiques dans les zones de production. Lidl s’est ensuite fixé deux missions : relocaliser au maximum la production de protéines végétales en France et stopper l’importation de soja issu de déforestation ou de conversion.
Selon Lidl, « Cette méthodologie est pensée comme la première étape d’une stratégie plus globale et de long terme, qui inclut l’engagement volontaire des acteurs. Elle entre dans le cadre d’une démarche d’amélioration continue, alimentée aussi bien par les opérateurs brésiliens que par les autres marchés européens. »
Chacun à son échelle peut agir dans cette lutte. États, citoyens, et entreprises ont tous un rôle à jouer pour sauvegarder ce premier puit de carbone et abritant une richesse de biodiversité. Stéphane Hallaire, président fondateur de Reforest’Action l’affirme : « les entreprises, organisations essentielles et interdépendantes d’autres structures telles que les associations et les pouvoirs publics, ont à la fois l’extraordinaire capacité, l’intérêt et la responsabilité historique de devenir le principal soutien financier du reboisement mondial.
Retour sur la Cérémonie des Trophées Défis RSE 2022
Redonner du Sens à l’Entreprise et à l’économie
News RSE et les partenaires des Trophées Défis RSE ont eu l’honneur de remettre, le 24 novembre chez BpiFrance, les Trophées Défis RSE aux 10 entreprises et associations lauréates de cette 11ème édition.
Les organisations sont au coeur de l’économie, de la vie sociale de notre pays, ancrées sur nos territoires, créant de la richesse, et jouant un rôle majeur pour transformer positivement la société.
Les démarches exemplaires et inspirantes des lauréats 2022, qui ont intégré la RSE dans leur stratégie, démontrent le système vertueux de la RSE et de l’engagement sociétal au-delà de la rentabilité, autour de piliers tels que environnement, gouvernance, politique RH, numérique, inclusion, ESS, partage de la valeur financière, engagement sur des grands enjeux sociétaux, philanthropie.
Ces stratégies responsables ont été saluées par Olivia Grégoire, Ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme et Marlène Schiappa, Secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, à travers deux vidéos pour lesquelles nous les remercions sincèrement.
Photos du haut : OLIVIA GRÉGOIRE, Ministre • NORA BARSALI • JEAN JOUZEL • MARLÈNE SCHIAPPA, Ministre
Photos du bas : MICHEL RUIMY • ANNE LE CORE • YANNICK SERVANT • NAJAT VALLAUD BELKACEM • STÉPHANE HALLAIRE • CLAIRE NOUVIAN • FRANÇOIS TADDÉI • PATRICIA SAVIN
Pour en savoir plus sur leurs projets, leurs démarches et leur organisation, découvrez les interviews des lauréats dans le dossier de presse.
Découvrez nos 10 lauréats du palmarès des Trophées Défis RSE 2022 en images :
Merci à tous nos partenaires pour leur soutien tout au long de l’année et pour la prochaine édition.
Faites partie de l'aventure : candidatez pour être lauréat en 2023
La 12ème édition des Trophées Défis RSE sera lancée en février 2023.
Retrouvez les 9 catégories de l’édition 2022, auxquelles s’ajoute une nouvelle catégorie Santé.
Pour candidater et pour toute information :
candidature@newsrse.fr
LinkedIn Nora Barsali
News RSE
News RSE, en partenariat avec l’ADEME, lance Défi Carbone®.
Basé sur le calculateur Nos GEStes Climat de l’ADEME, Défi Carbone® vise à encourager les organisations – entreprises, collectivités, etc. – à aller plus loin dans leur démarche RSE en incitant les salariés à faire leur bilan carbone personnel, et en les aidant à réduire leur impact, notamment en matière de mobilité, consommation, numérique, etc.
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PUBLICATIONS À DECOUVRIR
Une nouvelle Terre
Dominique Bourg (Ed
Desclée De Brouwer)
L'auteur aborde avec spiritualité l’ère de l’Anthropocène. Notre civilisation est si matérialiste qu'elle détruit paradoxalement les bases matérielles de notre vie commune, ceci dans une indifférence quasi générale. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Comment rendre compte de notre capacité de destruction sans égale ?
Ce parcours permet de dégager les racines spirituelles de la violence que nous nous infligeons à nous-mêmes comme à notre environnement. Or la spiritualité est une donnée fondamentale de toute société, où se rejoignent un dépassement de soi et un certain rapport à la nature.
Apparaît alors la promesse d'une autre civilisation, d'une nouvelle Terre.
Le couple et l’argent - Pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes
Titiou Lecoq (Ed L'iconoclaste)
Avec son art de la pédagogie, mêlant anecdote personnelle et enquête méticuleuse, Titiou Lecoq observe une plongée féministe et édifiante dans nos portemonnaies. Elle nous rappelle que l’argent n’est pas encore neutre mais qu’il doit le devenir pour qu’un euro gagné par une femme devienne l’équivalent d’un euro gagné par un homme. Après le constat d’inégalités omniprésentes et croissantes tout au long de la vie d’une femme, l'auteure s’appuie sur de nombreuses études économiques contemporaines et des analyses d’experts pour remonter aux racines du problème et y apporter des solutions. Une éducation financière indispensable pour tous !
L'écologie n’est pas un consensus - Dépasser l'indignation
François Gemenne (Ed Fayard)
Malgré les circonstances, l’écologie politique ne parvient pas à s’imposer comme la force dominante du siècle. L'auteur essaie d’expliquer les raisons qui l'empêchent et les limites de la démocratie représentative dans sa capacité à mener des politiques transformatrices pour le climat ou la biodiversité. Les signaux d’alarme concernant la destruction de l’environnement n’ont jamais été aussi forts, le climat est une des principales préoccupations des Français. Pourtant, alors que les activistes demandent aux gouvernements d’agir davantage pour le climat, les résultats des élections leur envoient un tout autre signal. La situation n’est pas désespérée pour autant : au-delà des élections, le changement peut advenir par d’autres voies. À condition d’avoir les yeux grand ouverts sur les raisons pour lesquelles nous échouons.
Ralentir ou périr - L'économie de la décroissance
Timothée Parrique (Ed SEUIL)
Dans cet essai d’économie, Timothée Parrique vient déconstruire l’une des plus grandes mythologies contemporaines : la poursuite de la croissance. Nous n’avons pas besoin de produire plus pour atténuer le changement climatique, éradiquer la pauvreté, réduire les inégalités, créer de l’emploi, financer les services publics, ou améliorer notre qualité de vie. Au contraire, cette obsession moderne pour l’accumulation est un frein au progrès social et un accélérateur de l’effondrement écologique. Entre produire plus, et polluer moins, il va falloir choisir. C’est le projet de ce livre. Explorer le chemin de transition vers une économie de la post-croissance.
Les rituels en entreprise - La nouvelle énergie de transformation
Makeba Chamry et Edouard Malbois (Ed Eyrolles)
Les rituels sont des actes symboliques qui ponctuent les passages de la vie.
Dans un contexte professionnel de plus en plus désincarné, chamboulé par le travail à distance, ces moments particuliers ont le pouvoir de redonner du sens au collectif. Célébration d’évènements positifs, développement de la cohésion ou d’un environnement propice à la création... Cet ouvrage est une porte d’entrée à la fois pédagogique et pratique pour comprendre ce que sont les rituels, les relier à la culture d’entreprise d’aujourd’hui et les intégrer aux pratiques régulières des équipes.
Ce sont de nouveaux leviers d’action pour apporter un souffle inspirant, remettre de l’énergie et de la vie dans la dynamique collective.
L'éco-anxiété - Vivre sereinement dans un monde abîmé
Alice Desbiolles (Ed Fayard)
Et si les bouleversements écologiques en cours altéraient notre bien-être et notre santé ?
La pandémie de coronavirus a surgi alors que les nouvelles inquiétantes sur l’état de notre planète émanent régulièrement des travaux des scientifiques. Angoisse, insomnie, découragement ou sentiment d’impuissance et de perte de sens… sont autant de marqueurs de l’éco-anxiété, ou solastalgie. Le Docteur Alice Desbiolles décrypte les mécanismes psychologiques et socio-culturels qui sous-tendent l’éco-anxiété.
Invitation à repenser nos manières d’être, ce livre expose avec lucidité et sensibilité les moyens de vaincre la résignation qui nous guette. Il donne des clés pour passer de la déploration à l’action. Le défi est là : se rappeler que, face à la crise écologique, nous pouvons toujours prendre des décisions avisées.