La News RSE N°33 – Sobriété , RSE, le sens de l’histoire

La News RSE

OCTOBRE - NOVEMBRE 2022 / NUMÉRO 33

EDITO

NORA BARSALI FONDATRICE PRESIDENTE DE
NEWS RSE ET FONDATRICE DE
IMPACT4THEPLANET

L'INTERVIEW DU MOIS

Marlène SCHIAPPA,
Secrétaire d'État auprès de la Première ministre, chargée de l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative

Sobriété : Entre responsabilité collective et devoir individuel

Face à la crise climatique et aux risques cauchemardesques sur les ressources naturelles et la biodiversité, l’heure n’est plus à pour ou contre la sobriété mais à comment passer immédiatement à une prise de conscience individuelle nous menant à une sobriété collective, non pas conjoncturelle mais structurelle et  pérenne. 

La sobriété n’est pas une question de choix de vie, d’appartenance sociale ou d’orientation politique. L’heure n’est plus non plus au débat idéologique, philosophique ou politique. En France, les risques du changement climatique et le dépassement des limites planétaires sont connus. Face aux menaces qui pèsent sur le vivant, la sobriété devient une question d’intérêt général, de responsabilité et de devoir. Ensemble nous devons décider d’accompagner l’évolution de la société vers une sobriété durable, soutenir collectivement des solutions concrètes et agir individuellement au quotidien pour réduire rapidement notre consommation d’énergie.  

La crise environnementale et les prévisions inquiétantes nous obligent 

De nouvelles projections, réalisées par une équipe du CNRS, de Météo France et du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique et basées sur les travaux du Giec, montrent que le réchauffement climatique en France pourrait atteindre + 4°C d’ici la fin du siècle. Ce seuil est loin de faire partie des scénarios les plus pessimistes. Bien au contraire, cette projection qualifiée de modérée et probable aurait des impacts graves sur les écosystèmes, sur l’agriculture, la santé. Elle concerne notre avenir, celles de nos enfants et des générations futures. L’humanité ne mérite pas qu’on prenne le risque que le pire scenario devienne le scénario probable puis notre réalité. 

La conjoncture sociale et énergétique nous oblige

La crise sociale que connaît la France ces dernières années et plus particulièrement depuis les Gilets jaunes, la crise des énergies fossiles et l’inflation galopante qui touchent une majorité de français nous conduisent à repenser nos modes de consommation et de déplacement.  57 % des Français déclarent être déjà en difficulté, voire en grande difficulté face à la hausse des prix. Face aux crises sociale et énergétique que traverse la France, il est urgent de réduire l’impact du coût des énergies sur le pouvoir d’achat. Cela passe par des mesures étatiques et collectives prises en cohérence avec les accords de Paris, tout en assurant une transition écologique juste et solidaire. D’autre part, individuellement, le citoyen a aussi sa part de responsabilité et son pouvoir d’action afin de réduire sa consommation, sa dépendance aux énergies fossiles et en conséquence son impact sur l’environnement. Nos niveaux de consommation, de production et de développement dégradent les écosytèmes et obèrent notre trajectoire vers un développement durable respectueux de l’agenda 2030.

Le sens de l’histoire  

Ce devoir de sobriété pose la question de nos résistances au changement mais aussi de notre détermination collective et individuelle pour opérer ces transformations et réduire nos besoins individuels pour le bien de l’humanité, donc du collectif. 

Je conclurai par cette citation de Bruno Latour* qui vient de nous quitter : « si l’on résume la situation actuelle, on peut dire que tout le monde a maintenant compris qu’il fallait une action décisive pour contrer la catastrophe, mais que manquent les relais, la motivation, la direction qui permettrait d’agir… » ; Bruno Latour fait une comparaison avec nos anciens en période de guerre qui avaient su se mobiliser, confrontés à la catastrophe « les énergies embrayaient efficacement sur les idéaux ; comprendre la situation suffisait à mobiliser ». L’Etat a donné la direction de la sobriété, à nous d’agir, dans nos vies personnelles et professionnelles, de mobiliser les énergies, de défendre les valeurs, pour réussir cette transformation vers un monde plus sobre, plus écologique, c’est le sens de l’histoire.  

* Citation de Bruno Latour dans Mémo sur la nouvelle classe écologique, de Bruno Latour et Nikolaj Schultz, (les empêcheurs de tourner en rond, 2022)

« Concilier intérêt général, bien commun et économie »

Quelle est votre définition de la sobriété qui s’impose à nous ? 

Vous avez tout à fait raison de dire que le sujet s’impose à nous, avec une accélération depuis le début de la guerre en Ukraine qui marque le retour de l’inflation et la prise de conscience généralisée des limites de la planète. Plus personne ne met en doute que le changement climatique est réel avec des effets dévastateurs. Les images des feux géants de l’été dernier dans les Landes et dans le sud sont ancrées dans nos mémoires, la raréfaction des ressources devient concrète. Notre mobilisation est donc totale.

Dans ce paysage, la très bonne nouvelle c’est que nous bénéficions de savoirs faire uniques, éprouvés et performants pour accélérer et réussir cette transformation vitale de notre économie : ce sont les modèles de l’ESS qui démontrent depuis des décennies qu’une autre production et qu’une autre consommation est possible.

L’économie de demain qui se construit en France bénéficie d’une vraie considération publique, que ce soit par les collectivités ou par l’Etat – c’est là tout mon rôle aujourd’hui, et parce que ce sujet est extrêmement important pour le gouvernement, je suis directement rattachée à, la Première Ministre, Elisabeth Borne.

Nous sommes face à un défi écologique : quel est le rôle des acteurs de l’ESS dans la transition écologique ?

Le Président de la République, Emmanuel Macron, a engagé un plan d’une très grande ambition pour mieux comprendre, mieux vivre, mieux produire en France à l’horizon 2030. Il s’agit de répondre aux grands défis de notre temps, en particulier la transition écologique à travers un plan d’investissement massif.

Le rôle de l’ESS dans la transition écologique est majeur, parce que la transition écologique fait partie intégrante des questionnements de l’ESS sur son impact social et environnemental. Les acteurs de l’ESS sont de véritables modèles en ce sens.

C’est, par exemple, toute l’économie de la seconde main, du réemploi, des ressourceries, des recycleries, qui allient insertion et remise en marché des produits d’occasion. Cela s’illustre très bien avec le secteur très polluant de la mode qui se transforme pour devenir le secteur de la « mode durable », ou encore avec les réseaux qui réparent le matériel médical pour le mettre à la portée du plus grand nombre. Je le vois partout, le mouvement est lancé pour agir autrement, pour concilier intérêt général, bien commun et économie. Par ailleurs, des entreprises, qui pourtant ne sont pas dans le champ traditionnel de l’ESS, définissent clairement une volonté de participer à cette dynamique responsable.  

Le statut de sociétés à missions s’inscrit dans ce changement. Il est maintenant incarné par près de 1000 entreprises de toutes envergures. Elles mettent en œuvre chaque jour, avec leurs collaborateurs, avec leurs clients et tous leurs partenaires, une nouvelle façon de mener les affaires, d’acheter, de vendre, de prendre en compte l’impact que peuvent avoir leurs décisions.

Etre une entreprise à mission, c’est par exemple décider en conscience de ne pas participer au Black Friday et donc de poser la question de la surconsommation. Des entreprises du e-commerce, comme la Camif ou Aigle, ont lancé cette dynamique, que je regarde avec beaucoup d’intérêt.

En tant que femme et en tant que maman, je constate chaque jour à quel point les critères d’achat pour la mode ont changé : quand j’avais 15 ans, on voulait un jogging de marque pour être à la mode ; aujourd’hui ma fille de 15 ans s’habille uniquement en seconde et troisième main, et elle est inflexible sur les conditions de production de ses vêtements. Nous avons changé de monde.

Auprès des consommateurs et des industriels, pour montrer que les solutions existent et qu’elles sont viables, il y a une bataille à mener : c’est celle de la communication. La communication, en particulier la publicité, a un rôle crucial aujourd’hui pour accélérer la diffusion des modèles et des valeurs de l’ESS, parce qu’elle permet de partager du sens et de nourrir l’imaginaire. Quand un consommateur voit un logo, il ne pense plus à la marque mais aux valeurs qu’elle porte (diversité, solidarité, climat…). Depuis longtemps, on ne vend plus des boissons mais du plaisir, plus des voitures mais de l’évasion … aujourd’hui on partage de plus en plus des valeurs et des actions pour le bien commun : on choisit un lait parce qu’il permet aux producteurs d’être rémunérés convenablement, on choisit un vêtement parce que sa matière est issue du recyclage et que sa fabrication a émis très peu de CO2. Cette inflexion vers le choix d’une consommation responsable, nous devons l’accompagner car c’est dans l’intérêt d’une réflexion globale sur notre impact. Dans le même temps, si les entreprises s’interdisent de communiquer sur leurs actions responsables de peur d’être accusées de « greenwashing », nous perdons un levier précieux. On me dit souvent que je parle « cash » et en effet, je dis à toutes les entreprises qui s’engagent de ne plus cacher ce qu’elles font de bien, de communiquer plus sur leurs engagements pour donner à d’autres l’envie de les suivre. C’est pourquoi j’accompagne la dynamique de transparence et de la mesure de l’impact réel en accueillant dans mon ministère la première rencontre de l’Observatoire de la Communication Responsable, à l’initiative du cercle de Giverny. Il y a en France des actions concrètes pour une économie responsable et cela doit se savoir.

Comment votre ministère peut-il renforcer la montée en puissance des pratiques RSE dans le secteur ESS et associatif ?

Mon ministère est celui de ceux qui pensent qu’il est préférable de faire ensemble que tout seul, c’est-à-dire une économie qui est passé de la compétition à la celle de la coopération. Pour accompagner ce mouvement et lui permettre de changer d’échelle, je me suis engagée auprès de acteurs de l’ESS à aller chercher des financements partout. 

J’ai la chance d’être ministre depuis maintenant deux quinquennats, je saurai trouver les moyens pour accélérer le développement du secteur.

Très récemment et très concrètement j’ai lancé un nouvel appel à manifestation d’intérêts à hauteur de 1.5 million d’euros pour les pôles territoriaux de coopération économiques. Ces pôles revigorent tout un territoire avec une démarche de coopération entre plusieurs acteurs, institutionnels et économiques. Et c’est de l’emploi non délocalisable ! L’aide que je leur apporte vient soutenir leur développement. 

Nous allons accélérer la transformation de la filière mode responsable, ce sont 150 millions d’euros qui sont fléchés vers les entreprises de l’ESS via un fonds visant les filières de réemploi que j’évoquais tout à l’heure.

Et j’ai toutes les raisons de croire que l’économie sociale et solidaire réussira son pari d’accélérer sa progression et la construction de son réseau de coopération durable et responsable avec le soutien de France 2030.

Nous sommes en train de connaître un véritable momentum de l’ESS et de la RSE en France, et partout dans le monde. Les solutions sont là, elles sont éprouvées, solides ; elles fonctionnent ! Le dire partout et promouvoir ces modèles est un engagement pour une économie du réel social et environnemental.Fichier:Carré rouge.svg — Wikipédia

FOCUS ACTU

Eloi Laurent,
Economiste senior à l'OFCE, Enseignant à Sciences po, Ponts ParisTech et Stanford University.

La sobriété, des ressources limitées face à des besoins raisonnés.

Quelle est votre définition de la sobriété qui s’impose au monde entier pour relever le défi écologique et planétaire du XXIè siècle?

Dès sa théorisation il y a deux millénaire et demi, l’activité économique est conçue par Aristote comme relevant de la sobriété, c’est-à-dire de la satisfaction des besoins humains essentiels. Cette sobriété des origines fait retour aujourd’hui : on comprend qu’économiser, ce n’est pas convertir la biosphère en ressources, c’est bien plutôt partager les ressources de la biosphère. 

La sobriété, c’est la situation où des ressources limitées sont mises au service de besoins raisonnés. Il faut bien distinguer la sobriété, définie comme un niveau de vie universel décent compatible avec les limites planétaires, et les politiques de sobriété, définies comme des mesures visant à assurer cette compatibilité. La sobriété peut ainsi être appliquée à un large éventail de dimensions du bien-être humain (santé, nutrition, éducation, mobilité, etc.) et les politiques de sobriété porter aussi bien sur l’offre que sur la demande (le GIEC évoque un triptyque « éviter, améliorer, changer »), ce qui permet de combiner changements structurels et conversions individuelles.

En somme, en France (et ailleurs), on doit inventer une culture de sobriété qui permette de passer non pas de trop à moins (économie de la privation), mais de trop pour certains à assez pour tous (économie essentielle).

Dans votre ouvrage Et si la santé guidait le monde ?, quel liens faites-vous entre épuisement des ressources, destruction de la biosphère et risques sur la santé et l’espérance de vie ?

Le 7 avril 2020 marque pour moi le début du 21ème siècle : ce jour-là, 4 milliards d’humains sont confinés dans 100 pays du monde et perdent le cœur de leur humanité – leurs liens sociaux – pour limiter la propagation mortelle de la pandémie de Covid-19. Une maladie qui, il faut le rappeler, a été déclenchée par la destruction massive des écosystèmes, en l’occurrence la déforestation et la marchandisation de la biodiversité. L’origine de cette zoonose, en Chine, à Wuhan, sur le marché d’animaux vivants, est désormais un fait établi. Cette zoonose prend sa place dans une série bien balisée : Ebola, le Sras, le Mers, etc. La destruction du vivant engendre une multiplication des maladies infectieuses qui reviennent nous frapper et se combiner aux maladies chroniques, dont une part croissante s’explique également par des facteurs environnementaux comme la pollution de l’air. A l’évidence, nous détruisons notre santé en détruisant notre environnement : en 2020, on a 9 millions de morts du fait de la pollution de l’air et de l’eau et 9 millions de morts du Covid, soit 15% de la mortalité mondiale + 15% de surmortalité mondiale. Au total le Covid a tué à ce jour près de 20 millions de personnes et provoqué un recul historique du développement humain (revenu, santé, éducation), c’est vertigineux. A l’été 2022, un véritable électrochoc se produit : nous avons encore mieux compris l’enchaînement infernal entre des systèmes économiques en surproduction, des émissions de gaz à  effet de serre hors de contrôle, des températures qui s’élèvent et nos organismes qui souffrent. Quand on ressent la crise climatique dans sa chair, on prend toute la mesure des chocs écologiques. Ces canicules ont été un désastre mondial, avec près de 12 000 morts en France et des incendies extrêmes qui se sont mués en expérience intime pour des centaines de milliers de personnes dont d’habitat et les terres ont été ravagés comme à la Teste-de-Buch. Ces traumatismes nous font réaliser encore davantage combien notre santé, physique et psychologique, dépend étroitement de la santé de notre planète.

Vous êtes l’auteur d’une représentation, « la boucle sociale- écologique » qui explique l’imbrication entre système sociaux et systèmes naturels : de quoi s’agit-il ?

Le double récit de l’interdépendance écologique et de la coopération sociale que je travaille depuis 2011 et mon livre Social-écologie débouche sur une boucle social-écologique dont le caractère perpétuel veut signifier la soutenabilité : l’interdépendance écologique fonde la coopération sociale qui renforce en retour l’interdépendance écologique, systèmes sociaux et naturels sont ainsi entrelacés à l’infini plus que simplement encastrés.

Au cœur de cette vision se déploie une politique visant à renouer des attaches naturelles et des liens sociaux qui s’apparente à une véritable politique de l’amour et que l’on aurait tort de prendre à la légère : il n’est guère de force plus puissante que les trois amours mis en lumière et en mouvement par Martin Luther King dans son combat pour les droits civiques (eros ou l’amour esthétique et charnel, philia ou l’amour des proches et des siens, agapé ou l’amour universel, l’amour de celles et ceux qui sont loin, autres et pourtant semblables). 

Dans sa dernière version, qui vient clore mon prochain livre Economie pour le 21ème siècle – Manuel des transitions justes (à paraît à La Découverte en janvier 2023) cette représentation met en lumière et en mouvement trois transitions contemporaines : écologique, sociale et numérique. Tandis qu’une double convergence entre transition sociale et transition écologique s’opère au moyen de deux axes puissants explorés dans cet ouvrage (la pleine santé et la réduction des inégalités sociales), la transition numérique parasite la boucle social-écologique en favorisant la rematérialisation des systèmes économiques et la désociallisation.Fichier:Carré rouge.svg — Wikipédia

Crédit photo Anne Bruel

FOCUS EXPERT

Frédérique Lellouche,
Directrice du Comité 21

Face aux crises environnementale, énergétique et sociale, les ONG et associations se mobilisent pour des mesures et des lois à la hauteur de l’urgence sociale et écologique.

Comment se mobilise le Comité 21 ? 

Le Comité 21 est le plus grand réseau d’acteurs du développement durable en France. Il fédère plus de 400 organisations – entreprises, associations, établissements d’enseignement supérieurs et de recherche, collectivités locales et citoyens. Il anime une réflexion collective avec l’ensemble des acteurs et les accompagne dans leur passage à l’action.

Nous sommes convaincus que plus qu’une « transition » une transformation des modèles d’organisation et de pensée est nécessaire. Le rapport « la Grande Transformation » en recensait les leviers, nous travaillons actuellement à identifier ce que cette transformation suppose en termes de changement de modèle.  Cela demande de s’interroger sur les freins, les résistances. Et de questionner, et cela résonne avec l’actualité, comment on s’engage sur le chemin de la sobriété. 

C’est un thème cher au Comité 21 qui a donné lieu à plusieurs publications, notamment « La sobriété fil vert de la transformation ». Nos travaux visent une appropriation collective de l’idée de sobriété et sa traduction en action.  Parce que pour fonctionner, un plan de sobriété ne doit pas être décrété d’en haut, il mérite d’être nourri par un dialogue avec l’ensemble des acteurs sur le terrain. C’est à cette condition de que ces plans pourront être acceptés et structurer durablement l’action collective. En effet, au Comité 21, nous sommes convaincus que l’enjeu n’est pas de mettre en place un plan de sobriété pour passer l’hiver mais qu’il s’agit de construire une sobriété structurelle, qui passera par un récit collectif inspirant pour une transition socialement juste.

A ce sujet, comment concilier engagements environnementaux et sociaux ? 

Le défi climatique oblige à des transformations majeures. Aller vers une économie bas carbone va impliquer de renoncer à certaines productions, repenser certaines filières. Des métiers vont se créer, d’autres vont disparaitre.  L’enjeu est d’anticiper ces mutations et d’accompagner la population, notamment les travailleurs moins qualifiés, pour ne laisser personne au bord du chemin. Il ne faut surtout pas opposer le climat et la justice sociale, c’est d’ailleurs l’esprit des Objectifs de développement durable qui structurent l’action de l’association. 

Les enjeux sont de taille, d’où l’importance des alliances, des partenariats. Le Comité 21 a par exemple rejoint le Pacte du Pouvoir de vivre, initiative née en janvier 2019, fondée sur le pari qu’il est possible de concilier « fin du monde et fin du mois ».  La force de ce pacte qui rassemble plus de 60 organisations est de mutualiser les expertises et faire des propositions pour la convergence des questions écologiques, sociales et démocratiques. 

Les entreprises vont-elles s’engager par conviction ou par obligation ?

La réglementation est en train d’évoluer en Europe avec de plus grandes exigences de transparence, de comparabilité de l’information extra financière -qui va devenir « information sur la soutenabilité » avec la transposition de la directive CSRD. Les entreprises vont être soumises à un devoir de vigilance généralisé au niveau européen les obligeant à prévenir les risques d’atteintes graves aux droits humains et à l’environnement dans toute leur chaine de valeur. Le droit évolue pour une plus grande transparence, une plus grande redevabilité et une meilleure prise en compte des risques et prévention des impacts négatifs. 

Mais au-delà des évolutions réglementaires, je pense qu’il y a une prise de conscience grandissante que le business as usual n’est plus possible. L’enthousiasme en France pour le modèle d’entreprise à mission est la démonstration qu’il y a de très nombreuses entreprises qui souhaitent s’engager davantage, se donner des objectifs sociétaux qui dépassent les frontières de l’entreprises. 

Au-delà de la nécessaire règlementation, le besoin de sens, de cap collectif est un ciment puissant. Fichier:Carré rouge.svg — Wikipédia

BONNES PRATIQUES

Fadia Karam,
Directrice générale de SNCF Espaces Ferroviaires *, Directrice du développement de SNCF Immobilier

« C’est ensemble que nous préparons une ville de demain plus résiliente et inclusive. »

Filiale aménagement et promotion de la branche SNCF Immobilier, petite PME discrète de 45 collaborateurs, Espaces Ferroviaires est le seul aménageur d’intérêt public d’envergure nationale, qui agit au plus près du terrain. 45 sites de développement urbain dans 15 grandes villes : chaque projet est le fruit d’une réflexion collective pour garantir une qualité de vie.

Comment Espaces Ferroviaires développe-t-elle une démarche RSE innovante ?

Déployer une démarche RSE dans une PME reste compliqué : l’enjeu a donc été de trouver un cadre suffisamment souple, progressif et adapté aux spécificités de la filiale, mais aussi réaliste pour le quotidien des 45 collaborateurs. Certifiée ISO14001 depuis 2008, leurs engagements ont évolué en 2015 par un plan ambitieux pour la transition écologique : du quartier à l’immeuble, 4 priorités sont déclinées (bas carbone, économie circulaire, biodiversité et nature en ville, services urbains). Cette méthode apprenante a permis, grâce à la mobilisation des équipes, d’apporter des réponses concrètes pour l’engagement environnemental et social dans les activités. La transversalité de la démarche a permis de trouver la souplesse nécessaire pour favoriser le travail en commun des collaborateurs. Espaces Ferroviaires s’inscrit dans la lignée de la démarche RSE du Groupe SNCF tout en l’adaptant à sa taille et à son cœur de métier et a bénéficié de l’espace nécessaire pour développer une telle approche et se donner les moyens de répondre aux enjeux sociétaux du XXIe siècle. 

Des axes majeurs d’inclusion et de capital humain pour une politique RSE impactante 

Un logement et un quartier ont tous deux un rôle majeur sur l’état de santé de ses habitants : bien-être physique, mental et social. Le lieu d’habitation influe en particulier sur les inégalités sociales de santé, aggravant l’exclusion de populations. Conscients des responsabilités liées à leur rôle d’aménageur, Espaces Ferroviaires s’est engagé à réduire ces inégalités et à favoriser le bien-être des groupes sociaux vulnérables. Afin de développer des projets urbains et des logements de qualité, ils ont engagé la réalisation d’Évaluations d’Impacts Santé, en cohérence avec le plan Santé Environnement de Paris, d’abord sur l’opération Hébert (Paris 18ème).

Mise en œuvre par un organisme externe pendant deux ans, elle a identifié les impacts potentiels négatifs et positifs du projet urbain sur le bien-être des habitants et maximisé les seconds, grâce à une vingtaine de recommandations.

En pratique, la santé dans les quartiers peut être favorisée grâce aux espaces verts accessibles et visibles, à des parcours sportifs, à l’animation des espaces publics et rez-de-chaussée, à la programmation d’une offre alimentaire saine et abordable, à la construction d’une maison de santé ou en travaillant à l’amélioration du sentiment de sécurité des femmes, des seniors dans les espaces publics. La filiale généralise désormais la démarche santé à toutes ses opérations d’aménagement. Espaces Ferroviaires est actuellement l’aménageur le plus avancé dans le déploiement des démarches santé à Paris.

En tant qu’aménageur et promoteur, Espaces Ferroviaires travaille avec l’ensemble de ses parties prenantes pour une démarche inclusive

La filiale collabore étroitement avec ses parties prenantes : internes (collaborateurs, filiales), pouvoirs publics, communautés locales, médias, associations, riverains, fournisseurs, partenaires et clients. Afin de prendre en compte les attentes de ces acteurs, elle organise la concertation des riverains et associations lors d’ateliers et coconstruit avec les collectivités. Ses projets urbains, riches par le patrimoine industriel de la SNCF, accueillent souvent des projets d’urbanisme temporaire en avant-projet, permettant de donner une première vie aux sites et d’incuber des innovations urbaines par des porteurs de projets inclusifs et des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Pour aller le plus loin possible dans son ambition de la ville durable, des partenariats sont conclus mobilisant des expertises compétentes. L’engagement concret RSE de sess partenaires économiques, promoteurs, investisseurs, utilisateurs et entreprises est un gage de réussite de toute la chaîne de la fabrique immobilière. Fichier:Carré rouge.svg — Wikipédia

* Entreprise candidate shortlistée aux Trophées Défis RSE 2022

Impact Paris Summit

News RSE est partenaire d’Impact Paris Summit, le rendez-vous des acteurs de l’Impact organisé par le HUB Institute, qui se tiendra à l’Hôtel Potocki – CCI Paris IDF le 1er décembre 2022.

Sous l’impulsion de leurs parties prenantes, les entreprises s’engagent dans la voie de la transformation durable. L’Impact Paris Summit est l’occasion de réunir de nombreux décideurs, des experts institutionnels et porteurs de solutions innovantes pour partager leurs actions, leurs visions et relever les défis de l’Impact.

Au programme : une plénière de retours d’expérience de grands groupes et d’experts, une masterclass IBM présentant des actions concrètes, un plateau TV pour des prises de paroles inspirantes, plusieurs tables-rondes au sein desquelles des start-ups échangeront autour du thème « Be Sustain from Day 1« .

Parmi les intervenants, vous pourrez retrouver Barbara Pompili, Ancienne ministre de la Transition écologique, députée de la Somme, présidente de l’initiative pour la gouvernance de l’eau à l’OCDE, Stéphane Hallaire, Fondateur et directeur de Reforest’Action ou encore Sabine Roux de Bézieux, Présidente de la Fondation de la mer, Vice-présidente de la Comission Europe et international du CESE, aux côtés de tant d’autres.

Cet évènement sera également l’occasion de rencontrer des porteurs de solutions au Village de l’innovation, d’étoffer ses contacts grâce à l’espace de coworking & de networking, et sera clôturé par un cocktail (sur invitation). Fichier:Carré rouge.svg — Wikipédia

PUBLICATIONS À DECOUVRIR

Le guide de la communication responsable

Valérie Martin (ADEME)
Pour dire stop au greenwashing et oui à la communication responsable, l’ADEME accompagne les acteurs du secteur depuis plusieurs années et invite à découvrir à ses côtés comment rendre sa communication plus responsable et éthique. À ce titre, l’agence vient de publier la nouvelle édition enrichie de son guide sur la communication responsable, autour de 3 clés : des récits plus responsables, l’écoconception des projets et le dialogue avec les parties-prenantes.

Entreprises à impact - Comment les nouveaux leaders peuvent [vraiment] changer le monde

Isabelle Grosmaitre (collection #NEWDEAL, Télémaque)
Catalyste du changement au service de l’impact, Isabelle Grosmaitre a été la tête pensante en matière de RSE de Danone lorsqu’Emmanuel Faber a impulsé la stratégie One Planet One Health. Elle a fondé en 2021 l’entreprise à mission Goodness & Co pour partager son expérience et accompagner le mouvement des leaders qui ont décidé d’incarner le changement. Son ouvrage Entreprises à impact propose une réflexion nourrie de sa rencontre avec ces dirigeants d’entreprise, autrefois isolés et devenus aujourd’hui le moteur de la révolution de l’impact. Il donne la parole à ceux qui réinventent les pratiques de l’entreprise pour mieux concilier recherche de performance et impact positif.

Le Guide Anti-Gaspi

Lucie Basch et Rose Boursier-Wyler (ED Eyrolles)
Too Good To Go, application anti-gaspi incontournable, permet à chacun de lutter contre le gaspillage alimentaire à son échelle. Avec ce guide, qui regorge d’astuces, de témoignages et de défis, Too Good To Go livre toutes les clés pour se lancer dans l’aventure et éradiquer le gaspillage du quotidien. Il contient un abécédaire de l’anti-gaspi et des informations pour chaque produit, des règles d’or à respecter, des recettes gourmandes et zéro-déchet et des astuces pour toutes les occasions. Un indispensable pour ne plus jamais gaspiller !

Le Courage de renoncer - Le difficile chemin des élites pour bifurquer vers un monde durable

Jean-Philippe Decka (Payot)
En partant des témoignages d'anciens élèves de grandes écoles ayant choisi de rompre avec le système, Jean-Philippe Decka décortique les ingrédients pour trouver le courage de basculer dans la radicalité nécessaire au vu de l'urgence écologique et sociale. Il éclaire la prise de conscience, les doutes et les freins rencontrés par les élites sur ce chemin du renoncement à une carrière prestigieuse ultra rémunératrice et aux nombreux privilèges qui l'accompagnent. Une révolution déjà en marche puisqu'en mai dernier, en pleine remise des diplômes et dans un discours tranchant et engagé, des étudiants d'AgroParisTech ont appelé à « déserter les postes d'ingénieur destructeurs » qu'on leur propose.

ENTREPRISE ENGAGÉE

VLAD*,
entreprise consciente et responsable

VLAD, PME tourangelle à taille humaine, est la référence en France dans le secteur industriel et médical, capable de proposer une solution globale en énergie autonome. Distribution de piles et batteries fiables et qualitatives, assemblage de batteries génériques, fabrication de batteries sur mesure ou reconditionnement de produits usagés, son expertise est reconnue dans le monde entier. La conception et la fabrication 100% française des produits sont gages pour ses clients d’une très grande réactivité et une totale maîtrise de l’ensemble des processus, du projet initial jusqu’à la livraison.

Une PME qui concrétise une démarche RSE à impact

Conscient de l’impact de ses activités sur l’environnement, VLAD a engagé depuis plusieurs années sa transition vers le développement durable. En 2021, ils sont devenus le premier industriel français à obtenir le label THQSE (Très Haute Qualité Sanitaire Sociale et Environnemental) au plus haut niveau d’excellence, l’or.

Selon le Président, Jean-Louis Jarry, la démarche RSE n’a de sens que si elle est collective. 40% de l’effectif de l’entreprise se fédère et participe à la démarche RSE à travers quatre groupes de travail : 

  • L’engagement envers les collaborateurs et les communautés : qualité de vie au travail et actions solidaires ;
  • La préservation de l’environnement : économie d’énergie, gestion des déchets, biodiversité etc. ;
  • L’écoconception : produits démontables et remontables, utilisant des matériaux recyclables ;
  • Le futur bâtiment 4.0 : plus écologique et intelligent.

VLAD mise sur 4 facteurs clés pour se lancer dans la démarche RSE : l’envie d’engager une démarche RSE, un projet porté par la Direction, un accompagnement par des experts RSE, la force du collectif et la mobilisation des collaborateurs.

Une activité qui concilie santé, innovation et transition écologique

L’apport de la labellisation THQSE a permis d’avoir un regard plus précis et plus structuré sur l’ensemble des points à couvrir pour garantir à la fois le bien-être des collaborateurs mais aussi de s’engager sur la voie de l’écoconception pour faire face aux enjeux de la transition énergétique.

En effet l’innovation produits doit être tournée vers le respect de l’environnement. C’est la raison pour laquelle VLAD a mis en place un groupe de travail dont l’objectif est de concevoir des produits réparables, reconditionnables et recyclables, tout ceci pour garder un haut niveau de satisfaction de client et une « excellence » produits.

Une « entreprise volontaire » dotée d’une raison d’être

L’enjeu environnemental dépasse l’industrie. Selon la BPI, il est préférable de confier ce sujet aux entrepreneurs pour faire émerger une nouvelle économie positive.  Il relève donc de la responsabilité de l’entreprise de créer un tissu de relations qui contribue à son développement en veillant aux bons échanges de relations avec les parties prenantes implantées sur le même territoire.

L’entreprise volontaire est un statut intermédiaire entre une entreprise « normale » et une entreprise à mission. Ce statut a permis à VLAD en 2021 d’inscrire sa raison d’être dans les statuts de la société pour intégrer cette dimension : « Développer des solutions d’Énergie autonome en respectant l’environnement, le territoire et en veillant au bien-être de nos Collaborateurs autour de nos valeurs : Responsabilité, Engagement, Vérité, État d’esprit, Solidarité ».

L’objectif est de devenir entreprise à mission début 2023 : issu de la loi PACTE, ce nouveau statut imposera à l’entreprise d’indiquer, en plus de sa raison d’être, un certain nombre d’objectifs liés la responsabilité sociale, sociétale et environnementale (exemples : neutralité carbone, économie circulaire, zéro plastique etc.). Cet engagement fort est décliné dans un plan d’actions, permettant ainsi d’inscrire la démarche de l’entreprise dans le temps.

Par ailleurs, VLAD a été identifiée par la BPI comme éclaireur « coq vert » RSE auprès des communautés. Par ce biais, VLAD s’engage à promouvoir la démarche RSE auprès du territoire, de favoriser les échanges de bonnes pratiques, et d’accélérer la transition environnementale et énergétiqueFichier:Carré rouge.svg — Wikipédia

* Entreprise candidate shortlistée aux Trophées Défis RSE 2022

Top
Bienvenue
Donnez
du sens à votre communication
Accompagner, conseiller et valoriser les organisations dans leurs responsabilités et leurs impacts positifs vis-à-vis de la société et de l'environnement.

NOUS RETROUVER
1Bis Avenue de l’Europe, Levallois-Perret

NOUS CONTACTER
contact@newsrse.fr

SOCIAL MEDIA