La News RSE N°31 – Le droit à l’écologie

La News RSE

Juin 2022 / N°31

L'INTERVIEW DU MOIS

Catherine Chabaud , Députée Européenne

Le droit à l'écologie

 

Après la vidéo virale des étudiants qui claquent la porte de leurs filières et désertent les entreprises du Cac 40 , après les tribunes  dans la presse pour enjoindre les membres du Gouvernement à se former, ou encore la campagne d’affichage du rapport du GIEC dans le métro à l’initiative de Pour un Réveil écologique, le temps est venu aux élites et aux décideurs de répondre aux «  enjeux impérieux de ce siècle« . L’urgence écologique et sociale n’est plus une option ni un parti politique mais la colonne vertébrale de toute organisation dite « responsable » comme de toute politique publique préparant un futur soutenable. 

Sachons entendre les scientifiques qui nous alertent, les jeunes qui disent stop, les entrepreneurs qui innovent, les citoyens qui attendent des décisions fortes. Sachons aussi récompenser ceux qui contribuent à l’intérêt général et apportent de la valeur sociétale. 

Pourtant les solutions existent pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone. En matière de sobriété, dont on sait qu’elle est un levier important, l’association Négawatt, qui prône un mix électrique 100 % renouvelable en 2050,  propose la réduction de 40 % de nos achats de vêtements neufs. Le scénario « Génération frugale » de l’Ademe propose de réduire de 30 % la surface moyenne des maisons individuelles neuves, de diviser par trois notre consommation de viande ou encore de baisser de 26 % les kilomètres parcourus. D’autres encore propose de passer en télétravail à mi-temps.

 

Ces propositions sont chiffrées et documentées et rejoignent les conclusions du dernier rapport du Giec qui prévoit que la sobriété peut réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre de 40 à 70 % d’ici 2050. Toute la question demeure dans la volonté, voire le courage politique, ainsi que la pérennité de cette trajectoire.  Certains pourraient douter de l’acceptabilité de ces propositions après des décennies de consumérismes et d’individualisme mais je suis convaincue que les citoyens ont aujourd’hui la maturité et l’intelligence collective pour changer leurs habitudes au nom de l’intérêt général et d’un futur vivable pour leurs enfants. C’est même vital si on veut préserver notre indépendance énergétique à long terme, notre santé, notre qualité de vie en bref nos libertés.  

Mais l’autre résistance à la sobriété et la cause environnementale est la question de la justice sociale. La sobriété n’est pas qu’une affaire de volonté, elle est aussi une question de possibilité. Manger bio et local, acheter un véhicule électrique, télétravailler ou rénover son système énergétique est-il accessible à tous et compatible aux moyens des personnes les plus modestes ?  Comment changer de vie quand certains ne parviennent même pas à se nourrir ou se chauffer correctement ? La sobriété n’est pas qu’une question de choix de vie ou de consommation. Afin d’éviter que la sobriété ne soit perçue comme un luxe pour l’élite ou les partisans de l’écologie, il est urgent de prévoir une action collective et démocratique afin que la sobriété qui relève de l’intérêt général, devienne un droit. Fichier:Carré rouge.svg — Wikipédia

"Le monde est plus complexe que la simplification qu’on en fait dans les politiques publiques"

 A l’heure où les scientifiques comme les citoyens sonnent l’alarme sur l’état de la planète, comment faire pour réussir l’Agenda 2030, 2040 et leurs objectifs et comment convaincre le plus grand nombre?

Je commence par le constat suivant : je pense qu’il y a un concept bien défini du développement durable, qui a mis du temps à être énoncé et à être compris.

Pourquoi ce concept, qui est pourtant si prometteur pour la planète, qui devrait réconcilier l’humanité, n’a pas pris ou commence à peine à prendre ?

Les principaux programmes mis en place autour du développement durable, notamment l’Agenda 21, pourtant bien déclinés par bon nombre de collectivités territoriales, ont été perçus comme des outils d’aide au développement par les Etats, donc concernant les pays en voie de développement. En conséquence les pays développés, ne se sont pas sentis directement concernés par les ODD, notamment les ODD 1 (éradication de la pauvreté), ODD 2 (éradication de la faim), ODD 4 (éducation de qualité)… des problématiques qui touchent aussi nos pays développés.

Les médias ont aussi une certaine responsabilité, ayant une réticence à aborder ce sujet. Il y a quinze ans, j’ai tourné des documentaires sur le développement durable, et il a fallu expliquer aux rédactions et aux journalistes, que j’allais m’intéresser aux solutions car l’appellation «  développement durable » rebutait : on me disait que ce n’était absolument pas vendeur -là est toute la difficulté de la traduction exacte de sustainable– qu’il fallait trouver autre chose, que le terme développement durable était trop compliqué et que le grand public ne saurait être séduit.

Pour convaincre le plus grand nombre, je pense donc qu’il faut absolument valoriser les porteurs de solutions, dans une démarche pédagogique, afin que l’on puisse se sentir concerné.

Sur le plan politique, les états doivent créer au sein de leur gouvernance une équipe dédiée aux questions de développement durable.

 Expliquez-nous pourquoi selon vous les ODD sont la clé, une grille de lecture et une démarche vertueuse pour progresser en matière de développement durable ?

 Les ODD sont, quant à eux, une grille de lecture universelle.  À l’ONU, une grande diversité des parties prenantes est représentée : réseaux de collectivité, des états, des réseaux d’entreprises … Ce qui prouve bien que les ODD sont une grille de lecture non seulement universelle mais transversale.

Une critique qu’on entend pourtant souvent des ODD est qu’ils ne sont pas transformationnels, qu’ils sont trop cloisonnés, c’est-à-dire pensés comme 17 ODD séparés et indépendants.

L’ODD 14 (Vie aquatique) par exemple, est celui que l’on identifie pour l’océan ; mais tous les enjeux océan ne sont couverts qu’en croisant d’autres ODD liés à l’océan : l’ODD 13 (action pour le climat) ou l’ODD 15 (biodiversité) pour ce citer que les plus évidents.

Pourtant, je crois au développement -notamment économique- avec la mer, mais je crois qu’on a besoin de mieux connaître, de mieux préserver, de gérer plus durablement et d’améliorer la gouvernance afin de mener des stratégies de développement.

Certains sujets peuvent être traités en silo de manière très compartimentée, mais la réalité, c’est que le monde est plus complexe que la simplification qu’on en fait dans les politiques publiques. Nous devrions apprendre à vivre avec cette complexité, avoir une vision plus intégrée et globale. Les crises que nous vivons sont systémiques : cela a été parfaitement révélé avec la crise du Covid. Or, les solutions apportées à ces crises sont aussi, de fait, systémiques et compartimentées. Il est donc urgent de changer de stratégie.

Les ODD devraient être utilisés en amont, intégrés en tant que colonne vertébrale des politiques publiques. Ils balaient l’intégralité des sujets qui les concernent : tout y est. Si au lieu de les voir comme des objectifs à atteindre, on les intègre en amont comme structure des politiques publiques, on donnera effectivement de la cohérence à celles-ci. Il faut comprendre la richesse de cette grille de lecture : les décideurs ont souvent tendance à penser que la stratégie à adopter est d’inventer de nouvelles solutions, alors que le cadre des ODD répond à toutes les problématiques qui incombent aux pouvoirs publics.  Le mapping des ODD montre bien l’efficacité de leur transversalité.

 Quel rôle doit jouer le Parlement européen afin d’atteindre les Agenda 2030/2040 ?

Les ODD sont le sujet des Commissions Environnement et Développement. Il y avait auparavant la parution d’un rapport conjoint entre ces deux commissions concernant les ODD, mais le parlement a peu à peu abandonné l’idée.

Mais au sein du parlement nous étions quelques-uns qui restaient convaincus par les ODD et leur capacité à apporter des réponses adaptées et concrètes.

Barry Andrews, collègue parlementaire irlandais, a identifié ces quelques convaincus au sein du parlement ; et sous son impulsion, la SDG Alliance s’est créée. Les objectifs de cette alliance sont de produire un rapport annuel concernant les ODD, et de travailler avec le SDSN (Sustainable Development Solutions Network), notamment en organisant des événements avec eux et en croisant les expertises.

Nous demandons également à ce que les ODD soient inscrits dans ce qu’on appelle le semestre européen, un certain nombre de collègues produisent des amendements pour obtenir des financements pour atteindre ces ODD. Mais avant d’avoir les moyens, il faut de la volonté politique. Et les choses sont en train de changer -l’évidence de la crise du Covid nous l’a imposée – nous sommes de plus en plus nombreux à comprendre la capacité transformationnelle des ODD, à y être réceptif. Et à penser que tout est lié ! Fichier:Carré rouge.svg — Wikipédia

FOCUS ACTU

Déserter ou se battre de l'intérieur

Un vent de défiance souffle sur les grandes écoles et les jeunes diplômés et les entreprises ne vont plus avoir d’autres choix que de s’engager sérieusement sur les sujets environnementaux et sociaux. Défiance vis-à-vis du système éducatif comme des entreprises. Conscients des limites du système et de l’incapacité des décideurs à s’aligner avec la trajectoire d’un futur soutenable, des étudiants comme des salariés désertent.

Un vent de défiance souffle sur les grandes écoles et les jeunes diplômés et les entreprises ne vont plus avoir d’autres choix que de s’engager sérieusement sur les sujets environnementaux et sociaux.  Défiance vis-à-vis du système éducatif comme des entreprises. Conscients des limites du système et de l’incapacité des décideurs à s’aligner avec la trajectoire d’un futur soutenable, des étudiants comme des salariés désertent. Après une remise de diplôme saisissante devenue une vidéo virale au cours de laquelle de tout jeunes diplômés d‘AgroParisTech enjoignent leurs camarades de promotion à « déserter », suivi par les Écoles normales supérieures appelant à se mobiliser sur « les enjeux impérieux de ce siècle« , une transformation sociale profonde est en marche.Ces jeunes expriment clairement leur refus de participer à la destruction systémique de notre écosystème en intégrant le secteur agro-alimentaire pour les ingénieurs d’AgroParis Tech, ou le CAC 40 et font le choix de métiers alternatifs aux antipodes de ceux auxquels leurs études les prédestinaient. Force est de constater que les défis écologiques et sociaux et les positions radicales de certains diplômés sont à l’image de l’urgence impérieuse sur l’écologie. « Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fiers et méritants d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours ». Les valeurs versus la carrière dorée, l’éthique contre l’ambition , le retour à l’essentiel versus la réussite. La recherche de sens au travail et d’utilité sociale, combiné à la réduction de l’impact négatif sur  l’environnement sont devenues des critères de sélection plus prégnants auprès des jeunes actifs pour choisir leur filière et leurs emplois. Le salarié de demain sera RSE, Responsable Sociétalement et Engagé Tandis que certains appellent à déserter, d’autres entendent changer le système de l’intérieur en créant des collectifs au sein de leur entreprise afin d’embarquer les salariés et d’engager  leur employeur  et la gouvernance dans la transformation RSE et écologique des entreprises. Cette démarche permet à des salariés non seulement d’ajouter la transition à leurs champs de compétences mais surtout d’agir de l’intérieur. Le sens du travail, l’utilité sociale et la confiance envers leur employeur seront les conditions de leur implication au travail, voire de fidélité au poste. Ce phénomène d’engagement des salariés se retrouve à travers l’initiative Alumni for the planet, le réseau des diplômés de l’enseignement supérieur qui s’engagent pour le climat au sein de leur entreprise. Ce réseau aide les alumni à agir en les formant notamment pour créer un  collectif d’acteurs de changement dans leur société.   La force des collectifs pour un futur soutenable En 2021 s’est également créé  « les Collectifs« , un réseau de 150 collectifs  de salariés qui veulent transformer leur entreprise de l’intérieur. Même si ces collectifs se sont créés dans une majorité d’entreprises du CAC 40 issues des secteurs industriels ou de services, le phénomène s’étend aux ETI et PME. L’intérêt de ce nouveau réseau de collectifs est d’intégrer un écosystème, de partager des expériences avec une communauté  de salariés engagés, de suivre des programmes pour créer des collectifs, des ateliers d’inspirations ou de rentrer en contact avec d’autres acteurs de l’écosystème, pour agir, réfléchir et aller de l’avant.  L’impulsion a été donnée par les jeunes du collectif Pour un Réveil écologique  qui depuis 2018 publie des manifestes et appels signés par des dizaines de milliers d’étudiants issus de + 300 établissements dont des grandes écoles, interviennent dans les Comex où ils sont invités et communiquent sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui  le mouvement Réveil écologique se réjouit de l’ampleur de la vidéo d’Agroparis Tech qui permet de remettre en avant l’urgence écologique. Selon Baptiste Eisele, jeune diplômé consultant en environnement, et actif au sein du collectif, « notre manifeste de 2018 est encore d’actualité, car 4 ans après, ni les écoles, ni les entreprises n’ont changé. On parle des objectifs 2030, 2040, de décarbonation de l’économie mais on constate que le budget carbone de la France n’a pas été respecté ». C’est pourquoi, Pour un Réveil écologique a décidé d’être encore plus visible et efficace en utilisant les espaces de communication dans le métro et les réseaux sociaux pour attirer l’attention  sur ces enjeux environnementaux et sociaux. Face aux limites du système qui peine à se transformer, la sensibilisation et la communication sur les solutions pour un futur soutenable demeurent essentielles pour convaincre le plus grand nombre et permettre un point de bascule collective. C’est aussi un moyen de mettre la pression sur les écoles  et les entreprises qui perdent des talents par manque d’engagement. Le 22ème baromètre d’Edelman sur la confiance, (fruit d’une enquête quantitative à travers 28 pays  réalisée en novembre 2021) montre que les entreprises s’affirment de plus en plus comme un « tiers de confiance », une position qui certes les flatte quant à leur rôle dans la société mais doit  surtout les obliger. Les citoyens et salariés attendent que les dirigeants des entreprises comme des états agissent face aux enjeux environnementaux et sociaux.  La RSE est devenue centrale et même un critère d’employabilité, à charge pour les dirigeants de ne pas créer de la désillusion. Fichier:Carré rouge.svg — Wikipédia

Bonnes Pratiques

Hub Institute lance la première School of Impact française

 

La RSE est au cœur des stratégies entrepreneuriales : véritable levier d’action , elle permet d’emmener des  transformations sociales et durables au sein même de la stratégie entrepreneuriale  , et d’apporter un réel impact positif sur la société et les parties prenantes . 

La capacité transformationnelle de la RSE et le panel de solutions qu’elle propose était le sujet principal du Sustainable Leaders Forum , le rendez-vous des décideurs engagés du monde de l’entreprise . Sur ce forum , des  directeurs RSE, d’experts, d’acteurs institutionnels et associatifs, de grands décideurs privés et de porteurs de solutions innovantes ont tous fait part de leur vision de l’entreprise engagée et des stratégies et solutions à adopter .

 

Pourtant, au sein des entreprises , près des deux tiers des managers déclarent manquer d’experts de la RSE. Et pour former ces futurs talents , ceux-ci ont besoin de recevoir une formation en adéquation avec ce besoin croissant des entreprises. Tous les étudiants doivent être préparés à traiter ces différentes transitions, mais aujourd’hui, le temps où les grandes écoles se contentaient de dispenser quelques cours sur le changement climatique à une poignée d’étudiants intéressés est révolu. Les grandes écoles commencent à se mobiliser pour former les jeunes aux défis de notre planète mais  l’enjeu est d’inventer une approche pédagogique autour des ODD, afin que tous les enseignements soient éclairés à la lueur des ODD et de leur impact transversal  .

Les écoles ont un rôle majeur pour former les futurs dirigeants mais aussi via la formation continue pour faire évoluer les pratiques des comités de direction, ceux qui sont aux commandes aujourd’hui.. L’école responsable formatrice des  futurs décideurs impactants, est une idée constitutive de la création de la School Of Impact ; l’école du management de l’impact positif , de l’innovation et du développement durable fondée par Vincent Ducrey. 

La School of Impact délivrerait des diplômes MsC (Master of Science) à un niveau bac + 4 et 5 ; les ODD seraient également utilisés comme cadre référentiel dans différents projets pédagogiques et d’intrapreneuriat. Le monde des entreprises serait largement représenté dans le comité pédagogique et parmi les intervenants. L’école développe également sa propre raison d’être , comme sur le modèle des entreprises à mission :  elle se donne pour mission de changer les mentalités, de développer les compétences des futurs talents, pour que les managers puissent développer des compétences transversales et adaptées aux enjeux de la transition écologique et solidaire. 

FOCUS EXPERT

Béatrice Couairon , Professeur de sciences économiques et sociales Directrice du Programme Enseignants-Entreprises Melchior

Ouvrir davantage l’école sur le monde économique et social

Agir pour l’égalité filles-garçons et la diversité, c’est tout d’abord lutter contre les biais de représentativité en favorisant l’ouverture de l’école sur son environnement.

En dépit de leurs efforts, nombre d’entreprises rencontrent d’importantes difficultés à recruter des femmes, notamment dans les secteurs de l’industrie, de la construction, des technologies de l’information (IT) et dans certains types de métiers dits techniques (ingénieurs, techniciens). En 2021, les femmes ne représentaient que 20% des effectifs de l’IT. Les entreprises doivent également faire face aux mêmes difficultés pour recruter des hommes dans d’autres secteurs (du social, de la santé ou de l’enseignement), notamment ceux du soin et des services à la personne.

Le constat est unanime et les conséquences connues : ces déséquilibres liés à la perception genrée de certaines filières, sont source de perte d’efficacité et de bien-être pour la société.

Les choix d’orientation dans le supérieur sont très largement inspirés par ceux effectués dans l’enseignement scolaire. La répartition des filles et des garçons après le baccalauréat prolonge également celle de l’enseignement scolaire. Les représentations individuelles et collectives qui se jouent avec l’éducation, à l’école et au sein des familles, influent sur les choix d’orientation et contribuent à reproduire les choix genrés. Si les filles obtiennent des résultats scolaires supérieurs à ceux des garçons, ces résultats ne se traduisent ni dans les choix d’orientation ni par une meilleure insertion professionnelle des femmes. Les filles s’orientent vers des filières moins prestigieuses, moins rémunératrices et très genrées[1].

Il faut agir au cœur de l’Ecole pour lutter contre les biais de représentativité et l’autocensure qui pèsent si lourd dans les « choix » individuels des élèves, que ce soient les choix de parcours d’études des filles et des garçons, ou de façon analogue des jeunes de milieux favorisés ou défavorisés.

Fluidifier le dialogue entre l’ensemble de ces parties-prenantes doit être une priorité pour d’une part, sensibiliser les professeurs et élèves au monde de l’entreprise et d’autre part, sensibiliser les entreprises aux nouvelles générations pour mieux les accueillir et rendre leurs filières plus attractives.

L’école doit s’ouvrir sur le monde économique et social et reprendre toute sa place au cœur de la cité. Accompagner ensemble les élèves dans la définition de leur parcours d’orientation doit avoir pour priorité d’élargir le champ des possibles des jeunes et mieux les préparer aux grandes transformations à l’œuvre dans notre société afin d’améliorer, in fine, leur insertion dans le monde professionnel. Fichier:Carré rouge.svg — Wikipédia

[1] Rapport : « Faire de l’égalité filles-garçons une nouvelle étape dans la mise en œuvre du lycée du XXIe siècle » ; Sophie Béjean, Claude Roiron et Jean-Charles Ringard 

L'émergence de l'écotourisme

L’organisation mondiale du tourisme enregistrait en 2019, avant la crise sanitaire et le lockdown mondial, 1,5 milliard de touristes. Le tourisme impacte la planète puisqu’il est responsable de 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et que 20% de la population mondiale voyage au moins une fois dans l’année. Le tourisme de masse constitue aujourd’hui la part la plus importante du secteur, devenant rapidement la bête noire des habitants de sites touristiques prisés comme Venise ou Phuket et provoquant pollution et destruction de la biodiversité. Tourisme et écoresponsabilité sont-ils compatibles ? Quelles sont les solutions pour continuer à voyager et découvrir la beauté de la nature tout en préservant la planète ? 

Comme on le sait, le tourisme engendre des déplacements, des transports, des découvertes de sites protégés, des crèmes solaires. Mis bout à bout, ces éléments sont nuisibles pour la planète. L’éco-responsabilité s’applique donc au quotidien et même pendant les vacances. L’avantage avec internet, c’est qu’il est nettement plus facile aujourd’hui de concevoir des vacances éco-responsables en choisissant une mobilité douce, des hébergements adaptés et une consommation sobre.

 Voyager bas carbone, c’est possible ! 

Une tonne de CO2 par passager pour un Paris-New-York, le transport aérien est loin d’être écologique. Le collectif « Pour un Réveil Écologique » met en avant une donnée essentielle dans sa publication : les voyageurs sont responsables de 50% des émissions de gaz à effet de serre du secteur. Il est urgent de repenser notre mode de consommation des voyages.

Cela dit, bonne nouvelle concernant le secteur aéronautique : un A380, le plus gros avion civil du monde, a décollé de l’aéroport de Toulouse sans kérosène. L’avion n’a consommé durant ce vol de 3h que du carburant durable, du “SAF” (sustainable aviation fuel), issus de déchets gras tels que les huiles de cuisson usagées. Néanmoins, plutôt que d’attendre une réinvention totale du secteur aérien, il est possible de voyager en produisant moins de carbone que la moyenne.
Pour ce faire, il faut accepter de voyager moins loin et de prendre son temps. Privilégier les transports collectifs, les bus consommant des hydrocarbures naturels mais aussi et surtout le train. Selon le nouveau rapport du Shift Project sur la mobilité longue distance, les Français usent de moyens de locomotion carbonés à 90%. Pourtant, lorsqu’il faut voyager “intramuros”, rien de mieux que le train. Ça tombe bien, les lignes de TGV se sont multipliées entre la France et les pays frontaliers (Suisse, Belgique, Espagne) et sur le territoire. 2800 kilomètres de lignes à grande vitesse sillonnent actuellement l’Hexagone. 

Certaines familles, notamment dans les pays nordiques, ont déjà mis en place des stratégies bas carbone pour voyager (vélo et train). Pour inciter les touristes à accepter de prendre leur temps quand il s’agit de voyager, il faut trouver des alternatives qui les attirent. Encore faut-il qu’elles existent. 

L’écotourisme et la résilience de la montagne

L’écotourisme naît dans les années 1970/1980. Originellement, il visait à protéger les espaces en utilisant les revenus du tourisme local. Forme très proche du tourisme vert, c’est un tourisme durable. Proche de ce que décrit Gérard de Nerval, l’écotourisme est une invitation au voyage responsable contribuant à la protection de l’environnement et de la biodiversité. C’est l’action d’admirer sans abîmer, en ayant conscience de l’impact individuel sur un environnement temporaire. L’écotourisme participe aux économies locales et au développement du territoire. Il est en symbiose avec le respect de la flore et de la faune locales. L’homme perd sa place centrale, bien que sa culture, ses traditions et ses valeurs soient aussi respectées : le tourisme éco responsable est également une prise en compte du patrimoine culturel et naturel. La plupart des organisateurs de visites écotouristiques limiteront les activités (souvent sportives d’ailleurs : canyoning, snorkeling, trek, vélo …) à 12 personnes. Tout le monde prend son temps et profite des espaces, en pleine conscience de soi, des autres et de la nature qui l’entoure. De plus, les déchets sont correctement traités, les populations locales se sentent moins « envahies », les voyageurs en ressortent ressourcés et apaisés. Prêts, parfois, à amorcer un changement dans leur vie quotidienne. 

Faire prendre conscience aux visiteurs de la dégradation qu’ils infligent aux lieux qu’ils visitent, c’est également la volonté de Valérie Paumier, une ex-financière reconvertie dans la défense écologique avec l’association qu’elle a créée Résilience Montagne. Elle interpelle les élus locaux et les place face à leurs propres contradictions. “Les élus scient la branche sur laquelle ils sont assis. Pourquoi investir des millions d’euros dans la construction d’hébergements destinés aux sports d’hiver quand on connaît les conséquences du réchauffement climatique sur la montagne ?” Bien qu’ils soient légitimes dans leurs fonctions, ils sont souvent trop peu informés. Projeter de la neige artificielle par 20°C ou chauffer des ensembles immobiliers qui sont à 50% vides, même en pleine saison hivernale, c’est se diriger tout droit vers la catastrophe.
Elle suggère un tourisme de montagne alternatif, plutôt axé sur la saison d’été, puisque seulement 7% des français sont des skieurs. Le rééquilibrage se fait par une sensibilisation et une mobilisation du public et par la création des écoles de la nature. Ainsi,  les enfants sont en mesure de comprendre leur rôle dans la préservation de la biodiversité terrestre. 

Les Écomusées et leur pédagogie dédiée à la Nature

Parallèlement au tourisme éco-responsable, on pourra citer un type de musée se développant constamment depuis de nombreuses années. On les appelle les écomusées. Apparus en même temps que l’écotourisme dans les années 1970/1980, ils ont pour objectif de rappeler à l’homme son lien avec la Nature et les interactions qui en découlent. Les écomusées sont des espaces publics réunissant des personnes motivées par la sauvegarde des patrimoines culturel, matériel, immatériel et surtout naturel. Celles-ci travaillent ensemble à l’élaboration de projets communs pour le territoire et ses habitants. Les écomusées sont généralement des espaces ouverts en permanence questionnant l’évolution de plus en plus rapide et incontrôlable de la société. Leur développement se fait en lien avec une médiation importante pour sensibiliser les visiteurs à la protection des espaces qui les entourent. Ceux-ci sont invités à repenser intégralement leur mode de consommation de la culture et de leurs destinations touristiques. 

Des hôtes et leurs clients qui font le pari de l’écologie

Séjourner dans des hôtels écologiques et respectueux de l’environnement, c’est le pari que fait Ethik’Hotels. Il s’agit d’une plateforme qui réunit un ensemble d’hôteliers et d’agences de voyage ayant choisi la formule de l’hébergement éco-responsable. On parle de circuit court, sans intermédiaire et sans frais cachés. Ils mettent en avant une valeur importante : celle de la responsabilité de l’Homme vis-à-vis de son environnement. Et pour cela, ils privilégient le contact humain direct et chaleureux entre hôte et client. Celui-ci est appelé un « Explor’Acteur », rejoignant une communauté de voyageurs engagés dont les objectifs communs sont la découverte et la préservation de la planète. Explorer, oui, mais sans abîmer ! Voilà ce que prône Ethik’Hotels : le tourisme de demain. 

Anne Chéné, sa fondatrice parle de transformation collaborative et à petite échelle mais qui, au long cours, fera toute la différence : “Je n’apporte peut-être pas une pierre [à l’édifice], mais rien qu’avec une poussière, ajoutée à toutes celles d‘autres acteurs engagés vers un mode de vie plus durable, nous parviendrons peut-être à faire une montagne. “ 

Pour éviter le piège du greenwashing, elle aide également les voyageurs à s’y retrouver parmi les sigles, labels et pictogrammes. Si l’hôtel est référencé chez Ethik’Hotels, sa démarche sera vertueuse et responsable, les touristes peuvent y aller les yeux fermés. Nous lui souhaitons de convaincre le plus grand nombre d’éco-touristes. 

La démarche responsable peut être trouvée à tous les niveaux du voyage : du mode de transport à celui de séjour en passant par les activités liées aux destinations choisies. Il est temps de prendre la décision de changer de mode de vie. Et en France, cela devient rapidement possible. L’éveil écologique de certains favorise le développement d’un écosystème sain et vertueux. Le tourisme durable ne présente encore qu’une minorité des pratiques, puisqu’il s’agit de seulement 5% des voyageurs. Cependant, on est en droit d’espérer que ce modèle prenne de l’ampleur et devienne la norme quand on observe la crise des hydrocarbures qui se profile à l’horizon. Fichier:Carré rouge.svg — Wikipédia

Trophées Défis RSE 2022 : De l’urgence naît l’innovation .

photos Trophées 2020

 À quelques jours du dépassement français des limites planétaires tombé le 5 mai 2022, News RSE publie le résultat des candidatures à  la 11ème édition des Trophées Défis RSE.

Nous sommes heureux , encore cette année , d’avoir reçu des candidatures d’une grande pluralité, provenant d’acteurs différents mais tous engagés en faveur d’une contribution à une société plus inclusive et solidaire. 

Quel que soit le statut et la taille des organisations candidates , toutes ces candidatures reflètent la place désormais essentielle de la RSE dans l’économie française . La RSE est placée au cœur de la stratégie des organisations , et apporte de véritable réponses face aux défis colossaux posés par la transition écologique et solidaire : les entreprises et organisations endossent désormais un rôle d’utilité sociétale ; et leur impact sur les sociétés et parties prenantes est devenu constitutif de toute stratégie de développement durable qui veut efficace et pérenne. 

74 candidatures ont été retenues, émanant des 68 organisations elles-mêmes nominées dans 9 catégories différentes .

Cette année et plus que jamais, les candidatures 2022 reflètent la place essentielle de la RSE dans l’économie française tendance très forte se dessine pour cette onzième édition : la cause environnementale concentre le plus d’innovation, de volonté d’agir, d’engagement et d’attention des organisations, tout secteur d’activité et toutes catégories. A l’heure du dernier rapport du GIEC ; l’urgente nécessité d’agir semble donc avoir été en partie intégrée par le monde entrepreneurial . L’étau écologique se resserre donc , mais de cette situation de contrainte , les idées se croisent et les innovations fusent : face au mur , les entreprises et organisations font preuve d’une créativité exponentielle , et d’un engagement plus effectif chaque année. L’urgence écologique et climatique est donc , in fine , un moteur de l’innovation entrepreneuriale .

La catégorie recueillant le plus de candidatures est celle des Start-ups, suivie de près par la catégorie TPE-PME et les organisations issues de l’ESS. Les candidatures 2022 couvrent 11 régions de France Métropolitaine sur 13 et 1 DOM-TOM. La région Île-de-France arrive en tête, suivie par l’Occitanie et la Nouvelle Aquitaine à égalité puis par la région PACA, le Nord Pas-de-Calais, l’Auvergne Rhône-Alpes et le Centre Val-de-Loire, à égalité. 28 % des candidatures sont issues de start-ups, 28 % de TPE/PME, 15 % d’organisations issues de l’ESS, 15 % de grandes entreprises et ETI et 14 % d’associations.

 Le 29 Juin 2022 , le jury départagera les dossiers de candidature au siège de BNP Paribas Real Estate. Rendez-vous en Novembre 2022 pour l’annonce du palmarès. 

Ci-dessous la liste des candidatures nominées selon les 9 catégories :

Environnement, TPE/PME :

Covline ; France Industries Assainissement ; Green Family ; Kataba ; Kids & Mamas ; Iconomedia Saison II ; Les Jardins de Gaïa ; Pharmacie de la Lèze ; SOFI Group SAS ; Sÿnia ; VLAD

Environnement, Grandes Entreprises/ETI :

CANON Bretagne ; EDF ; REXEL ; SNCF Espaces Ferroviaires ; STEF

Inclusion Sociétale, TPE/PME :

CMultiserv ; Élémentaire ; Uni.queS

Inclusion Sociétale, Grandes Entreprises/ETI :

APICIL ; SNCF Espaces Ferroviaires

Capital Humain, TPE/PME :

A2 Consulting ; Easypara ; Élémentaire ; Groupe Perspective ; OPTEAMIS ; Sÿnia

Capital Humain, Grandes Entreprises/ETI :

APICIL ; CANON Bretagne ; EDF ; SERVIER

Organisations de l’ESS :

Association franco-africaine Le baobab ; Association Talents croisés ; Big Bloom ; Entreprise Adaptée Tech’Air ; ESAT Noël Le Gaud ; Gestform ; Maison des jeunes et de la culture de Narbonne ; Terres du Son ; Totem Liens et chemins ; Trace de Vies ; Union Mutualiste Retraite

Associations :

ACADIA ; Agence ORE ; Amicale Laïque Bordeaux Benauge ; Association encore plus loing ; Association festival international de jazz de Marseille des cinq continents ; Boîte à Histoires du Monde ; Dooble Impact ; Fondation Pierre et Vacances ; La remise enjouée ; Novoloco

Start-ups :

Carbometrix ; Ecohesens ; Ethik Hotels ; Génération Zhéros ; Handiroad ; Karma Search ; Kimpa ; HIPP ; La Minute Pep’s ; La Société Nouvelle ; Mora Mora Life ; Néolithe ; Noos Global SAS ; RESAP Paris ; Rzilient ; Sempack France ; Tétélestaï Consulting ; TRIMEDS ; Vialudo ; Wattpark ; Wominds ; Work Well Together

Nous remercions également nos partenaires : BPI France , BNP Paribas Real Estate, Maif , Comité 21 , Convergences , OpcoEP, AEF, L’agence RUP, Vox Femina, INCO , Carenews, Décisions Durables , ZEI . Fichier:Carré rouge.svg — Wikipédia

PUBLICATIONS À DECOUVRIR

CELUI QUI NE COMBAT PAS A DÉJÀ PERDU, THIERRY MARX (FLAMMARION)

Chef étoilé et incontournable de la décennie, Thierry Marx nous livre à travers cet ouvrage ses réflexions, ses combats quotidiens et ses engagements. Il propose également une analyse sur la période post-covid et insuffle un espoir : rien n’est jamais perdu, tant que l’on continue de lutter. Toutes les étapes de sa vie furent un combat et le sont encore. La transmission, la réduction des inégalités et l’écologie sont ses plus grands chevaux de bataille d’aujourd’hui.

APRÈS LA PLUIE, HORIZON ÉCOFÉMINISTES, SOLÈNE DUCRÉTOT ET ALICE JEHAN (TANA ÉDITIONS)

Horizons Écoféministes est une œuvre collaborative accompagnant le festival écoféministe « Après la pluie ». On y parle du mouvement reliant féminisme et écologie. Y sont évoquées des thématiques telles que les inégalités liées au genre, le réchauffement climatique, le pouvoir du changement ou l’entreprenariat féminin. Solène Ducrétot et Alice Jehan sont les fondatrices du collectif Les Engraineuses et des Volonterres. Elles sensibilisent le public aux enjeux citoyens et environnementaux, pour un monde plus égaliTERRE.

LA RSE EN SCHÉMA, PHILIPPE SCHÄFER ET VICENT HELFRICH (ELLIPSES)

Ce manuel, issu de la collection « La gestion en Schéma », offre sous la forme de schémas une meilleure compréhension de la RSE. Les auteurs, enseignants-chercheurs à l’IRSI (Groupe Excelia) le divisent en 3 outils méthodologiques : notions conceptuelles, conseils de gestions, visions prospectives sur l’avenir. Il est à destination des étudiants et futurs leaders en quête de sens et à tous ceux qui souhaitent faire entrer leur société dans la grande famille des entreprises responsables

DES ARBRES À DÉFENDRE !, PATRICK SCHEYDER (LE POMMIER)

Le sous-titre de l’ouvrage est sans équivoque : on y parle de la lutte qu’ont mené George Sand et Théodore Rousseau pour empêcher l’État d’abattre des arbres de la forêt de Fontainebleau. Dès le 19ème siècle, la forêt est menacée. En fervent défenseur de l’écologie culturelle, Patrick Scheyder revient sur cette histoire méconnue et sur l’implication de George Sand dans ce qu’on nommera plus tard l’écoféminisme. On assiste dans cet ouvrage aux prémices de l’activisme en faveur de la sauvegarde de la biodiversité.

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